Le président turc Recep Tayyip Erdogan défini les limites de l’offensive terrestre lancée par la Turquie contre la milice kurde syrienne des YPG dans la région de Afrine, dans le nord de la Syrie.
« L’opération Afrine a commencé de facto sur le terrain », a déclaré M. Erdogan dans un discours télévisé. « Ensuite, ce sera Minbej », a-t-il ajouté, en référence à une autre ville syrienne sous contrôle kurde située plus à l’est.
« Plus tard, étape par étape, nous débarrasserons notre pays jusqu’à la frontière irakienne de cette croûte de terreur qui essaye de nous assiéger », a-t-il promis.
L’armée turque a procédé vendredi et samedi à des frappes contre des positions des YPG en Syrie et massé des centaines de soldats et des dizaines de blindés le long de la frontière, menaçant de passer à l’offensive avec l’aide de rebelles syriens pro-Ankara. Des correspondants de l’AFP dans la ville frontalière de Reyhanli, dans la province turque de Hatay, ont vu samedi plusieurs nouveaux véhicules militaires se diriger vers la frontière.
Selon Press TV, des sources locales dans la province d’Alep ont rapporté, ce samedi 20 janvier, qu’environ 400 éléments de l’opération «Bouclier de l’Euphrate » étaient entrés vendredi en Turquie pour assister l’armée turque dans son intervention terrestre à Afrine. Il s’agit d’éléments de la milice de l’Armée syrienne libre (ASL)
Les YPG, alliés des USA
Afrine est une enclave tenue par les Unités de protection du peuple (YPG).
Ankara l’accuse d’être la branche syrienne du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène une rébellion dans le sud-est de la Turquie depuis plus de trente ans et est considéré par Ankara et ses alliés occidentaux comme une organisation terroriste.
Mais les YPG sont les alliés incontournables des Etats-Unis en Syrie. Ayant combattu Daech avec l’aide de la Coalition internationale, elles ont permis à l’armée américaine de s’implanter dans le nord syrien, où elle a édifié quelque 14 bases.
Aval russe?
Les analystes estiment qu’aucune offensive majeure ne peut être lancée en Syrie sans l’aval de la Russie, présente militairement dans la région et qui entretient de bonnes relations avec les YPG.
Le chef de l’armée turque, le général Hulusi Akar, et celui des services de renseignement Hakan Fridan se sont rendus à Moscou jeudi pour des entretiens.
« La Turquie ne lancera pas une offensive terrestre et aérienne totale sans la bénédiction de Moscou », a pronostiqué Anthony Skinner, analyste du cabinet de consultants en risques Verisk Maplecroft.
L’agence de presse d’Etat turque Anadolu a affirmé vendredi que des militaires russes dans la région d’Afrine étaient en train de quitter leurs positions, ce que le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a démenti. La position de Moscou sur cette offensive n’a pas été clarifiée.
Inquiétude américaine
En revanche, du côté américain, Washington affiche une position inquiète. « Nous ne pensons pas qu’une opération militaire (…) aille dans le sens de la stabilité régionale, de la stabilité de la Syrie, ou de l’apaisement des craintes de la Turquie pour la sécurité de sa frontière », a averti vendredi un haut responsable du Département d’Etat.
Lorsque le président Erdogan a réagi avec colère, cette semaine, à l’annonce d’un plan pour constituer une force de 30.000 hommes, provenant en partie des YPG, sous l’égide des Etats-Unis pour protéger la frontière nord de la Syrie, le qualifiant de force d' »armée de la terreur », le secrétaire d’Etat américain Rex Tillerson a répondu que « la totalité de la situation a été mal rapportée, mal décrite », tout en admettant « devoir des explications » à la Turquie.