La Turquie a exhorté lundi les Etats-Unis à s’assurer que l’offensive en cours contre Raqqa, le bastion syrien du groupe Etat islamique, ne provoquera pas de changement démographie dans la ville à majorité arabe sunnite.
Cette mise en garde, par la voix du vice-Premier ministre Numan Kurtulmus, reflète la crainte d’Ankara de voir les milices kurdes, qu’elle considère comme « terroristes », prendre pied à Raqqa à la faveur de cette offensive dont elles sont le fer de lance, avec l’appui de Washington.
Washington a assuré être en « contact étroit » avec Ankara à propos de cette offensive, mais la Turquie semble en être tenue à l’écart sur le terrain bien qu’elle ait proclamé à maintes reprises sa volonté d’y participer.
M. Kurtulmus a souligné dans des déclarations à la presse que Raqqa, tout comme Alep en Syrie et Mossoul en Irak, « appartient aux gens » qui y vivaient avant le début du conflit, une allusion aux Arabes sunnites majoritaires dans les trois villes. « Changer la structure démographique ne contribuera d’aucune manière à ramener la paix », a-t-il ajouté.
Les Forces démocratiques syriennes (FDS), une alliance de combattants kurdes, arabes et turkmènes soutenue par les Etats-Unis, mènent l’offensive pour reprendre Raqqa aux jihadistes. Les FDS ont affirmé que Washington était d’accord pour que la Turquie ne joue aucun rôle dans l’opération.
La Turquie s’inquiète de la montée en puissance des FDS, dominées par les milices kurdes YPG qu’elle considère comme des « terroristes » proches du PKK (Parti des travailleurs du Kurdistan), organisation séparatiste kurde de Turquie en guerre contre Ankara depuis 1984.
La Turquie s’est à plusieurs reprises dite opposée à une participation des YPG à l’offensive de Raqqa.
Source: AFP