Les Émirats arabes unis ont participé à la guerre menée par les Saoudiens au Yémen, en grande partie grâce à une armée multinationale et disparate, autrement dit les « sociétés militaires privées » (SMP).
En 2011, les Émirats ont embauché Erik Prince pour mettre en place une opération de formation de personnel étranger, principalement d’Amérique latine, à des fins de défense interne. Mais le cours des événements a démontré la dépendance grandissante des Émirats arabes unis aux entrepreneurs étrangers, pour parvenir à leurs fins militaires et sécuritaires.
Pour comprendre à quel point les EAU dépendent des mercenaires, il suffit de jeter un coup d’œil sur les titres d’actualité : « Des dizaines de mercenaires saoudiens tués ou blessés sur le front de la côte ouest du Yémen » et « des troupes yéménites dressent une embuscade à un convoi de mercenaires soudanais dans le désert ».
Plus tôt en 2018, l’Organisation arabe des droits de l’Homme (OADH) dont le siège est au Royaume-Uni a appelé le Conseil des droits de l’Homme des Nations unies à former un comité spécial, chargé d’ouvrir une enquête sur le recrutement de mercenaires à la solde des EAU au Yémen. Selon l’ONG, les recrues auraient été utilisées pour effectuer des tortures et des exécutions sur le terrain.
Le 27 novembre 2017, l’ONG a chargé un cabinet d’avocats de déposer une plainte officielle auprès de la Cour pénale internationale contre les EAU. Un communiqué de presse de l’organisation les accuse également d’engager des mercenaires pour combattre au Yémen, y compris des ressortissants d’Australie, d’Afrique du Sud, de Colombie, de Salvador, du Chili et du Panama.
De récents reportages montrent comment la société de communication stratégique de Cambridge Analytica dont le siège est à Londres et le groupe SCL ont mené une opération de surveillance au Yémen, en utilisant les méthodes du profilage psychologique, les campagnes de communication stratégique et l’infiltration d’agents étrangers dans les communautés autochtones via des partenaires locaux involontaires.
Si les Émirats arabes unis devaient dépendre uniquement de leurs propres forces militaires, ils ne pourraient pas s’impliquer au Yémen.
Le Yémen n’est pas le seul terrain où les Émirats arabes unis doivent faire appel à des entrepreneurs. Le quotidien américain The New York Times a rapporté en 2012 que les Émirats arabes unis finançaient la mise en place d’une force de combat hautement entraînée qui pourrait vaincre les pirates de mer au large des côtes somaliennes.
Plus notable encore, un petit reportage de fin 2017 indique que l’ancien vice-Premier ministre qatari, Abdallah ben Hamad Al-Attiyah, a accusé les Émirats arabes unis de recruter des mercenaires de la compagnie américaine Blackwater pour envahir le Qatar avant l’annonce du siège du pays en juin 2017.
Au début des années 1990, les partisans des sociétés militaires privées (SMP) ont qualifié de déplacée toute inquiétude quant à l’implication de ces sociétés dans des conflits violant les droits de l’homme ou le droit international au Yémen. Les SMP voulaient dire qu’elles se souciaient tellement de leur réputation qu’elles ne se laisseraient jamais impliquer dans une opération que le système international n’aurait pas entièrement acceptée. Tant qu’elles sont recrutées par un État reconnu, tout est légal.
Cela rappelle une fameuse déclaration de Richard Nixon à l’intervieweur David Frost à propos de mesures illégales mises en place par son administration pour surveiller et contrôler la gauche radicale : « Quand le président le fait, cela signifie que ce n’est pas illégal. » Un mensonge pathétique, qui le demeure toujours.
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