Le site en ligne américain Middle East Eye a révélé que sept des 15 hommes soupçonnés d’être impliqués dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi appartiennent à la sécurité personnelle et à la protection du prince héritier Mohammed ben Salman.
La plupart d’entre eux sont des officiers de haut rang qui l’avaient accompagné lors de visites diplomatiques au Royaume-Uni et en France au début de cette année.
MEE dit l’avoir obtenu du ministère de l’Intérieur saoudien, un document détaillant leurs grades, leur date de naissance, leur passeport et leurs numéros de téléphone, et indiquant quand ils ont accompagné ben Salman lors de voyages à l’étranger.
Mais il s’abstient de le publier afin de protéger la sécurité de ses sources.
Dans les médias saoudiens comme la télévision al-Arabiyyat, ces 15 hommes qui sont arrivés le jour même de la disparition de Khashoggi, se sont rendus au consulat quelques heures avant qu’il ne s’y présente et ont quitté Istanbul quelques heures après, ont été présentés comme des touristes.
MEE met en exergue l’un de ces 7 nommés, le major général Mahir Abdul Aziz Muhammad Mutrib : c’est l’officier le plus haut gradé. Il a été identifié par les enquêteurs comme étant le «coordinateur de l’opération », selon des sources turques de MEE.
C’est lui qui avait affrété les deux avions privés pour la mission et était l’un des deux suspects à voyager avec des passeports diplomatiques.
Il a déjà été identifié par le New York Times comme un diplomate affecté à l’ambassade d’Arabie Saoudite à Londres sur la base d’une liste diplomatique du bureau des affaires étrangères britannique datant de 2007. Dans ce document, Mutrib est désigné comme un « ingénieur en communication » et un « compagnon de sécurité » du prince héritier.
MEE parle d’un huitième homme, Salah Muhammad al-Tubaigy. Il aurait été identifié par des cassettes audio qui seraient détenues par les forces de sécurité turques et dont le contenu a été divulgué à MEE. Il y est présenté comme celui qui a procédé au démembrement de Khashoggi alors qu’il était drogué mais toujours en vie.
Tubaigy avait deux postes de direction. L’un d’entre eux était le poste de président du département des preuves médico-légales au sein de la Sécurité générale saoudienne. Le second était celui de président du conseil scientifique de la médecine légale au sein de la Commission saoudienne pour les spécialités de santé.
Il serait un examinateur des médecins souhaitant se qualifier en tant que spécialiste en médecine légale, et c’est lui qui déciderait si les médecins formés à l’étranger étaient qualifiés pour travailler en tant que spécialistes en médecine légale dans les hôpitaux saoudiens.
Le New York Times a rapporté mardi que Tubaigy avait publié une étude sur la dissection et les autopsies mobiles et indiqué que sa présence parmi les suspects « suggère que la mise à mort aurait pu faire partie du plan initial ».
Selon MEE, l’implication de MBS est d’autant plus renforcée dans cette affaire que le prince héritier, qu’il est également ministre de la Défense, contrôle les trois forces armées saoudiennes, le ministère de la Défense, la garde nationale et le ministère de l’Intérieur.