Alors que les pays du golfe Persique se battent ces jours-ci pour normaliser leurs relations avec Tel-Aviv, Riyad fait un pas en avant en refusant de délivrer des visas aux Palestiniens titulaires de passeports jordaniens temporaires résidant en Jordanie, au Liban, à Qods-Est et dans les territoires occupés qui souhaitent effectuer le pèlerinage du Hajj dans la ville sainte de La Mecque.
Entrée en vigueur le 12 septembre, la mesure saoudienne fait partie de la nouvelle politique saoudienne visant à cesser de délivrer des visas pour le pèlerinage du Hajj aux Palestiniens vivant en Jordanie, au Liban, à Qods-Est et, plus récemment, à ceux résidant dans les territoires occupés, qui possèdent des documents temporaires délivrés par la Jordanie ou le Liban, a révélé le site d’information Middle East Eye.
Une source jordanienne connaissant parfaitement les affaires diplomatiques du pays a déclaré à Middle East Eye que la décision saoudienne faisait partie d’un accord bilatéral avec Israël visant à mettre fin à « l’identité palestinienne et » au « droit de retour des réfugiés ».
Les Américains prétendent que dans le cadre du « Deal du siècle », l’Égypte, la Jordanie, l’Arabie saoudite, les Palestiniens et Israël auraient un nouveau statut économique, sécuritaire et politique et bénéficieraient tous de grands avantages.
« L’Arabie saoudite fait pression sur la Jordanie pour qu’elle naturalise les réfugiés palestiniens résidant en Jordanie, à Qods-Est et désormais en Israël [dans les territoires occupés, NDLR] ; la même chose pourrait se produire au Liban », a confié la source, en concluant : « Dans ce cas, il n’y aura plus de problème de réfugiés palestiniens. »
La démarche saoudienne affecte au total 2,94 millions de Palestiniens qui résident dans ces États. Ils n’auront désormais accès à aucun autre titre de séjour leur permettant de se rendre dans les villes saintes de La Mecque et de Médine en Arabie saoudite, où des millions de musulmans vont chaque année pour effectuer le pèlerinage du Hajj.
Plusieurs agences de voyages interrogées par MEE dans les territoires occupés par Israël, à Qods-Est et en Jordanie ont déclaré qu’ils avaient été informés par le ministère jordanien des Awqaf et des Affaires islamiques que l’ambassade d’Arabie saoudite à Amman leur avait ordonné de ne plus faire de demande de visas pour quiconque souhaitant se rendre à La Mecque avec un passeport temporaire jordanien.
Saud Abu Mahfouz, un député jordanien, a déclaré avoir demandé au ministre jordanien de l’Intérieur et au ministre des Awqaf d’envoyer un comité à Riyad, la capitale saoudienne, pour négocier un changement de politique, et a appelé le roi Salmane à intervenir.
« Cette décision concerne tous les Arabes et les musulmans qui ont le droit de pratiquer leur religion. Depuis l’année dernière, nous recevons des plaintes à ce sujet et nous avons été surpris de constater que près de 200 entreprises touristiques en Jordanie n’étaient pas en mesure de délivrer des visas auprès de l’ambassade saoudienne pour les Palestiniens souhaitant se rendre à La Mecque », a déclaré Abou Mahfouz.
La Jordanie délivrait depuis 1978 des documents administratifs temporaires aux citoyens palestiniens résidant dans les territoires occupés, tombés sous administration militaire après la guerre israélo-arabe de 1948. Auparavant, les Palestiniens vivant dans les territoires occupés par Israël ont passé trois décennies sans pouvoir jamais se rendre en Arabie saoudite pour le pèlerinage du Hajj. Une situation qui a pris fin lorsque le roi Hussein de Jordanie a mis en place une politique, en coordination avec la Ligue arabe, consistant à délivrer des cartes de voyage permettant aux Palestiniens de réaliser leur pèlerinage du Hajj, l’un des cinq piliers de l’islam.
Source: PressTV