Moins de 25.000 manifestants en France, dont 2.000 seulement à Paris, et des blocages levés aux frontières: la fronde des gilets jaunes a marqué le pas samedi lors d’une nouvelle journée d’action de ce mouvement, endeuillé par une dixième mort dans la nuit.
Ce sixième samedi de manifestations a rassemblé 23.800 personnes sur l’ensemble de la France à 14H00 (13h00 GMT), contre 33.500 samedi dernier à la même heure, selon le ministère de l’Intérieur.
A Paris, la préfecture de police a dénombré 2.000 manifestants peu avant 16H00, contre près de 4.000 samedi dernier selon une source policière. Et à Versailles, où des « gilets » avaient appelé à « marcher » vers le château dans le sillage des révolutionnaires de 1789 qui y avaient délogé le roi de France, ils n’ont été qu’une soixantaine, selon l’AFP.
Ces chiffres marquent un nouvel essoufflement du mouvement, débuté il y a un peu plus d’un mois. La première manifestation, le 17 novembre, avait rassemblé 282.000 manifestants sur l’ensemble de la journée. Ils n’étaient plus que 166.000 le 24 novembre, 136.000 les 1er et 8 décembre et enfin 66.000 le 15 décembre, selon des chiffres officiels (les « gilets » ne donnent pas d’estimation).
Les « gilets jaunes », au moins les plus déterminés, avaient malgré tout appelé à une nouvelle mobilisation ce samedi, et ce en dépit du vote au Parlement, dans la nuit de vendredi à samedi, des mesures d’urgence de 10 milliards d’euros destinées à alléger la pression fiscale et accroître le pouvoir d’achat, revendications phares des « gilets ».
« A deux jours de Noël, je trouve que c’est pas mal » comme mobilisation, a déclaré à l’AFP sur les Champs-Elysées Frédéric, 46 ans et cheveux grisonnants.
Les manifestations sont de plus restées largement calmes, contrastant avec les images de guérilla urbaine de début décembre qui avaient fait le tour du monde.
A Paris, les forces de l’ordre ont procédé à 109 interpellations seulement, dont Eric Drouet, un de leurs premiers meneurs.
Sur les Champs-Elysées, épicentre des manifestations, les cafés et restaurants ont pu ouvrir normalement, tout comme la quasi-totalité des magasins.
« Paris dans la rue ! », clamaient des manifestants défilant non loin des grands magasins parmi les personnes faisant leur shopping de Noël, selon une journaliste de l’AFP.
Un dixième mort
Jean-Philippe et Jennifer, des Belges vivant dans le nord de la France, sont venus « pour qu’Emmanuel Macron dégage ». « Ce qui m’a plu, c’est que les gens ont commencé par la taxe carburant, et fini par se dire qu’il fallait être sur un pied d’égalité, que 1% ne pouvait pas gouverner 99% », expliquent-ils.
Les manifestants se divisaient régulièrement en petits groupes dans les rues de Paris, parfois bloquées par les forces de l’ordre, qui ont fait usage de gaz lacrymogène.
De nombreuses actions ont par ailleurs eu lieu en régions, comme chaque jour, avec un accent particulier mis sur les postes-frontières.
Des centaines de « gilets jaunes », rassemblés au péage du Boulou, le dernier avant la frontière espagnole dans l’est des Pyrénées, ont été délogés à coups de gaz lacrymogènes, après avoir filtré le passage des camions pendant plusieurs heures.
« Le roi Macron donne des miettes aux gueux », « Le mépris ça suffit », pouvait-on lire sur leurs banderoles.
Non loin de là, à Perpignan (sud), un automobiliste est mort dans la nuit de vendredi à samedi, après avoir percuté un camion bloqué à un barrage filtrant de « gilets jaunes ».
Des perturbations de la circulation ont également été signalées à la frontière belge et un barrage de 200 manifestants a entraîné le blocage de la circulation sur l’autoroute au poste frontière avec l’Italie de Vintimille.
A Strasbourg, une centaine de « gilets jaunes » ont bloqué la route d’accès au pont de l’Europe, frontalier avec l’Allemagne, avant d’être délogés par les forces de l’ordre.
A Bordeaux (sud-ouest), la mobilisation a rassemblé plus de 2.000 personnes, selon l’AFP, contre 4.500 samedi dernier. Et à Lille (nord), ils étaient un millier.
Par ailleurs, une centaine de gilets jaunes ont manifesté à Bruxelles « assez calmement », contre 400-500 la semaine dernière, a indiqué à l’AFP la porte-parole de la police de Bruxelles, Ilse Van de Keere.
Source: AFP