Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane entame dimanche au Pakistan une tournée asiatique dans trois pays dont il espère de juteux contrats et la démonstration qu’il demeure un acteur-clé sur la scène diplomatique cinq mois après l’affaire Kashoggi.
Le prince, surnommé « MBS », est attendu dimanche dans la capitale pakistanaise et y restera jusqu’à lundi.
Le contexte régional y est très tendu, marqué par des frictions avec l’Inde et l’Iran voisins, qui accusent tous deux le Pakistan d’être impliqué dans de sanglants attentats-suicide commis cette semaine sur leurs territoires.
Islamabad espère d’importants investissements pour donner un coup de fouet à une économie mal en point. Il y rencontrera notamment le Premier ministre Imran Khan et le chef de la puissante armée pakistanaise.
Les Pakistanais en colère ont condamné les monarchies arabes qui ont normalisé leurs relations avec l’entité sioniste et sont impliqués dans la guerre contre le Yémen et la Syrie.
L’ingérence des pays arabes dans les affaires intérieures du Pakistan ont généré des problèmes. L’Arabie saoudite cherche surtout à entraîner le pays dans le conflit au Yémen, à des fins personnelles, estime le peuple pakistanais.
Le journal pakistanais Ummat a écrit que le prince héritier saoudien serait accompagné par 1 100 personnes y compris sa garde personnelle, un chiffre qui dépasse toute raison. De nombreux observateurs pensent que cette visite vise à faire de l’ombre au corridor économique Chine-Pakistan (CECP).
Mohammed ben Salmane devrait quitter le Pakistan lundi après avoir signé des contrats d’investissements dans le secteur de l’énergie, pour un montant d’environ 20 milliards de dollars.
Les voyages en Indonésie et en Malaisie annulées
Le prince saoudien se rendra ensuite en Inde, où il rencontrera le Premier ministre Narendra Modi et discutera pétrole avec son ministre Dharmendra Pradhan. Il est attendu en Chine jeudi et vendredi.
Deux courtes étapes prévues dimanche et lundi en Indonésie et en Malaisie ont été annulées samedi, sans explication.
Cette visite intervient cinq mois et demi après l’assassinat du journaliste Jamal Khashoggi, féroce critique de MBS, dans l’enceinte du consulat saoudien à Istanbul.
Après avoir dans un premier temps nié le meurtre, Ryad avait avancé plusieurs versions contradictoires et soutient désormais que Khashoggi a été tué lors d’une opération non autorisée par le pouvoir.
La Turquie a affirmé vendredi n’avoir pas encore révélé tous les éléments dont elle dispose dans cette affaire hors norme, qui avait suscité une vague mondiale d’indignation et profondément terni l’image de la pétromonarchie, en particulier celle du prince.
Mais pour les analystes, la tournée asiatique de MBS, sa plus importante sortie sur la scène internationale depuis sa participation au sommet du G20 en Argentine en décembre, tombe à point nommé pour tenter de prouver à l’Occident qu’il a encore des alliés.
Sources : AFP + PressTV