À l’issue de consultations trilatérales organisées dans la capitale russe, Moscou, Washington et Pékin sont parvenus jeudi 25 avril à une série d’accords, appelant les forces étrangères à se retirer de l’Afghanistan et exhortant les parties au conflit à prendre des mesures urgentes pour arrêter les hostilités, affirme Sputnik. Mais un compromis Chine-Russie-USA en Afghanistan est-il réellement possible?
Dans un article publié par le quotidien libanais al-Binaa, Wafiq Ibrahim revient sur le front désormais ouvert entre la Chine et la Russie d’une part et les Etats-Unis de l’autre et évaluent la possibilité d’un compromis entre les deux camps. Pour lui, les deux parties sont engagées dans un bras de fer qui mènera inévitablement à un conflit ouvert et tout faux de la part de chaque camps risque de lui s’avérer fatal.
« La défaite en demi-teinte des terroristes d’Al-Qaïda et de Daech en Irak et en Syrie ne trompe certes pas les Chinois et les Russes. Pékin et Moscou savent éminemment que les Etats-Unis travaillent à élargir le front de guerre à leur encontre non seulement en Syrie et en Irak mais aussi en Asie centrale. Pékin ne perd pas de vue l’étonnante vitalité des terroristes d’origine chinoise qui à Idlib ont leur propre bastion et qui forts du soutien d’Ankara, travaillent assidûment à l’avancée de leur projet sur la création d’un Etat indépendant à savoir le Turkistan oriental. D’ailleurs ce sont ces mêmes terroristes qaidistes qui se trouvent à l’origine de l’embrasement des fronts de combats à Idlib, à Hamas et à Alep. En les bombardant l’aviation russe aide en quelques sort son allié chinois à contrer l’avancée des terroristes. A Pékin tout comme à Moscou, on ne fait pas d’illusion sur ce qui est la durée extrêmement longue des combats entre les FDS et Daech. En effet, cela fait des mois que les FDS disent se battre contre Daech sur la rive est de l’Euphrate. OR les terroristes ne sont que quelques centaines à Hajine et à Baghouz. Cette durée anormalement longue s’explique par la contrainte du temps.
Les Etats-Unis avaient besoin du temps à l’effet de transférer au fur et à mesure des milliers de terroristes vers le Cachemire, vers les hauteurs du Baloutchistan, ou encore sur les frontières entre le Pakistan, l’Iran et l’ouest d’Azerbaïdjan ainsi que vers le Tadjikistan, l’Ouzbékistan, le Turkménistan, le Sri Lanka et l’Afghanistan. Cet aire géographique très large couvre à vrai dire le nouveau champ de bataille qui devra opposer les Etats-Unis à la Chine et à la Russie. Pour Washington l’Asie centrale se trouve au coeur de la confrontation militaire à venir, confrontation qui touchera la Russie, la Chine et l’Inde. »
Plus loin dans son article, l’auteur poursuit : « La riposte de la Chine et de la Russie n’a pas tardé. En effet, l’axe sino-russe a agi à temps et a anticipé sur les événements. La Chine s’est fait une place de choix sur le marché africain tandis que la Russie a créé d’importantes bases militaires en Algérie, au Guinée, au Niger, au Soudan mais aussi dans un nombre de pays de l’Afrique centrale et du Sud. Loin des réminiscences idéologiques de l’Union soviétique ou encore du maoïsme, Moscou et Pékin ont aussi établi avec de nombreux pays, y compris avec ceux de l’Amérique latine, des relations amicales basées sur les intérêts économiques et stratégiques. D’ailleurs, les deux pays se sont très rapidement engagés militairement aux côtés de Caracas, dépossédant le camp américain de ses atouts, les faisant reculer, alors que tout donnait pour plus que probable une action militaire US contre le Venezuela. Il y a eu, là, la manifestation d’une démonstration de force sino-russe dans l’arrière-cour même des Etats-Unis Américains.
À présent, les Américains ont le pressentiment que ses deux puissants rivaux sont sur le point d’acquérir une puissance qui pourrait changer significativement et de façon irréversible l’équilibre des forces sur la scène internationale et les priver, eux, du monopole qu’ils exercent depuis des décennies sur l’acquisition des ressources et des richesses du monde. Les Etats-Unis perdront-ils cette bataille? Oui mais à une condition.
Ni la Chine ni la Russie ne sauront gagner la bataille finale face aux Américains sans les mettre au pas au Moyen-Orient, cette région ultra-stratégique qui nourrit la puissance militaire US en pétrodollars. Or le front de guerre US se dirige désormais contre l’axe de la Résistance. Un total et complet ralliement de l’axe sino-russe à l’axe de la Résistance s’impose, puisque sans se rallier à l’Iran, pleinement et entièrement, la Chine et la Russie s’exposerait directement aux menaces US. Les Américains disposent de quoi étendre une longue guerre en plein territoire chinois tout comme au cœur de la grande Russie.
Source: PressTV