Serait-ce par hasard que Jared Kushner, conseiller et gendre du président Donald Trump, ait été propulsé au-devant de la scène internationale pour être le parrain du Deal du siècle.
Sa physionomie contrastante, à mi-chemin entre l’enfance et l’adolescence, alors qu’il est au bord de la quarantaine ressort le plus dans son personnage. Assortie avec sa froideur de marbre, elle semble servir à camoufler, ne serait-ce que devant une certaine opinion publique, que son soutien indéfectible à Israël, en tant que juif sioniste, va nécessairement faire valoir les intérêts israéliens au mépris de ceux des Palestiniens.
Une certaine moue s’est ajoutée à son visage durant l’ouverture de la conférence du Bahreïn sur le volet économique du Deal du siècle, dont il aurait supervisé l’élaboration. La veille, il avait donné le ton en disant dans un entretien que « les Palestiniens ne sont pas capables de se gouverner ».
Depuis l’annonce qu’un accord qui se veut être définitif est mis au point par l’administration Trump, Kushner semble suivre une certaine directive : la politique d’ambiguïté sur sa teneur. Et surtout celle de la gradualité. C’est ainsi qu’il a été décidé que son volet économique se devrait d’ouvrir la valse.
« Accepter une voie de développement économique est une condition préalable pour parvenir à régler ce problème politique auparavant insoluble », a-t-il affirmé, le mardi 25 juin, depuis Manama, rapporte l’AFP.
Trump ne vous a pas abandonnés!
Jonché sur sa tribune centrale, entouré de têtes enturbannées, celles des dirigeants arabes et d’autres cravatées, il persévère dans son cynisme exécrable en présentant l’accord comme étant en faveur des palestiniens
« Mon message direct au peuple palestinien est que (…) le président Trump et l’Amérique ne vous ont pas abandonnés », a-t-il argué en s’adressant à ces Palestiniens.
Ce sont surtout eux qui sont les plus concernés cette fois-ci, parce que le Deal du siècle ne saurait passer sans leur signature.
Or, aucun de leurs représentants n’étaient présents. Ni mêmes les plus modérés selon la terminologie des médias occidentaux. En l’occurrence l’Autorité palestinienne de l’OLP. Exceptionnellement, tous les Palestiniens sont unis autour de la conviction que le Deal du siècle va les priver de leurs droits reconnus par les Nations unies, dont un Etat palestinien, en bonne et due forme sur les territoires de 1967. Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, ayant évoqué ouvertement ces derniers mois la possibilité d’annexer une partie des territoires occupés. Et l’administration américaine laissant entendre qu’elle pourrait accepter cette annexion et que le volet politique de son plan pourrait ne pas faire référence à un Etat palestinien.
Et tous les Palestiniens sont persuadés que la conférence de Manama sert à les acheter, à les pousser malgré eux vers les concessions.
Saisissez l’occasion du siècle
Au mépris de leur intelligence, Kushner continue dans son discours destiné à commercialiser le plan de développement économique.
Il pourrait être « l’occasion du siècle, si la direction (palestinienne) a le courage de la saisir », a-t-il insisté.
Washington fait aussi miroiter que le plan pourrait permettre, grâce à de grands travaux et le développement du tourisme, la création d’un million d’emplois pour des Palestiniens.
Soumis à un embargo dans la bande de Gaza, supervisé de concert par les Israéliens et les Egyptiens, et à de sévères mesures de restrictions israéliennes en Cisjordanie occupée, les Palestiniens connaissent une importante crise économique. Ils comprennent mieux aujourd’hui pourquoi.
Des manigances qui caressent la pauvreté
Tout dans la conférence laisse entrevoir des manigances destinées à les amadouer. Elles caressent leurs points faibles : leur pauvreté et leur besoin.
Elle est d’abord intitulé « De la paix à la prospérité ». De quoi rappeler le slogan du président égyptien Anouar Sadate, et qu’il n’a cessé de répéter, pour légitimer son accord de capitulation avec Israël au public égyptien. La prospérité n’est jamais arrivée en Egypte.
D’importantes sommes d’argent sont miroitées : 50 milliards d’investissements internationaux dans les Territoires palestiniens et les pays arabes voisins sur dix ans.
Selon Saëb Erakat, le secrétaire-général de l’OLP, l’administration Trump « insinue qu’elle sait ce qui est le mieux pour le peuple palestinien ».
« Ce genre de campagne vise à faire accepter au peuple et aux dirigeants palestiniens les diktats, les menaces et la tyrannie à la fois des Etats-Unis et d’Israël : elle est vouée à l’échec », a-t-il assuré.
C’est aussi l’avis de certains journalistes israéliens, conviés à Manama par le régime bahreïni. Une première en dépit de l’absence de relations diplomatiques entre les deux pays. Du moins publiquement. La normalisation bat son plein depuis plusieurs années.
Sur les écrans israéliens, ils étaient tous d’accord pour affirmer que la conférence ne va pas réaliser ses objectifs. Du fait surtout de l’absence des dirigeants palestiniens.
L’après- conférence: la faute aux Palestiniens
Or, Kushner semble préparer aussi l’après conférence.
Selon Richard LeBaron, ancien diplomate américain au Moyen-Orient, cette absence va permettre à Jared Kushner de les décrire comme des personnes faisant fi du bien-être économique de leur peuple.
« L’échec de l’atelier de Manama sera en fait un succès pour la stratégie de Trump », juge M. LeBaron, du groupe de réflexion Atlantic Council. « Cela permettra à Kushner et son équipe de prétendre qu’ils ont tout fait pour parvenir à une solution et de reprocher à d’autres leur manque de coopération ».
Ce ne sera pas une première fois pour les Palestiniens. Lors de la conférence de camp David entre Yasser Arafat et Ehuda Barak, en 2000, en présence de Bill Clinton, son échec leur avait été imputé dans une campagne médiatique internationale. Ce qui n’a pas empêché Arafat de rejeter les concessions qui lui étaient demandées, surtout sur Jérusalem al-Quds comme capitale de l’État palestinien dans les territoires de 1967.
L’histoire se répétera-t-elle? Seuls les palestiniens en décideront.
Source: Divers