La première livraison de missiles antiaériens russes S-400 acquis par la Turquie est arrivée vendredi 12 juillet sur la base aérienne de Murted, à Ankara. Parlementaires et spécialistes turcs ont commenté l’événement pour Sputnik.
Les S-400 contribueront grandement à la modernisation du système de défense de la Turquie et serviront exclusivement à la défense du pays, a déclaré à Sputnik Ismet Yilmaz, président de la commission pour la défense nationale au parlement turc.
«Nous sommes persuadés que l’acquisition de ce système de défense contribuera largement au développement du potentiel défensif de notre pays. Notre principal objectif consiste à garantir la sécurité de notre territoire, de nos frontières, et les S-400 ne seront utilisés qu’exclusivement à ces fins», a souligné le député du Parti de la justice et du développement (AKP), parti au pouvoir.
Un autre député de l’AKP, Celalettin Guvenc, président de la commission parlementaire pour la politique intérieure, a relevé à cette occasion l’attitude indépendante de la Turquie sur la scène internationale.
«Par chacune de ses démarches politiques à l’extérieur, la Turquie démontre à la communauté internationale son attitude indépendante d’État souverain», a-t-affirmé.
Hasan Turan, autre député représentant l’AKP, a estimé pour sa part que les S-400 seraient utilisés en premier lieu pour protéger les frontières turques au sud du pays contre d’éventuelles menaces et attaques.
«L’acquisition par la Turquie de S-400 qui ne manqueront pas de renforcer considérablement sa puissance militaire et de faire passer des nuits d’insomnie à certains. Pourtant, il faut garder en tête que ces systèmes ne sont pas offensifs, mais défensifs. […] D’autre part, nous n’entendons pas nous plier face à des menaces, et les livraisons de S-400 l’ont montré une fois de plus», a noté M.Turan.
Quelle serait la réponse d’Ankara à des sanctions états-uniennes?
Interrogé sur la réaction de la Turquie aux sanctions promises par les États-Unis suite à l’achat de S-400 par Ankara, Naci Bostanci, président du groupe des députés de l’AKP au parlement turc, a répondu qu’elle serait fonction de l’évolution ultérieure de la situation.
«Il est parfaitement évident que des sanctions contre la Turquie ne correspondraient ni à la logique d’un marché libre ni au respect du droit de la concurrence. […] Baser une stratégie économique sur l’usage de la pression et de la force, tout en essayant de prendre des initiatives économiques, témoigne d’un affaiblissement du potentiel et des ressources économiques. C’est pourquoi, personnellement, je ne m’attends pas à l’introduction de sanctions de la part des États-Unis», a expliqué le parlementaire.
La Turquie pratiquera une politique de multipolarité
Selon un autre interlocuteur de Sputnik, Mesut Hakkı Casin, ancien de l’armée de l’air turque, la Turquie a envoyé un message clair à l’ensemble de la communauté internationale avec l’acquisition de S-400 russes.
«Ce faisant, la Turquie a montré sa position stratégique dans un nouvel ordre mondial en gestation et son intention de pratiquer une politique de multipolarité dans les rapports internationaux», a-t-il détaillé.
Et d’ajouter que la décision d’acheter des S-400 n’était pas politique, mais était dictée par les besoins urgents de la Turquie en matière de défense nationale.
«En achetant des S-400, la Turquie s’est assurée un sérieux avantage en matière de DCA», a insisté Mesut Hakkı Casin.
De son côté, Ismail Hakkı Pekin, ancien chef du département du renseignement de l’état-major turc, s’est félicité du fait qu’en dépit des pressions exercées par l’Otan et les États-Unis, la Turquie a acheté un armement dont elle avait besoin.
«Tous nos voisins dans la région possèdent des missiles. La menace peut donc venir de n’importe où. […] L’acquisition de ces systèmes de défense est importante sur le plan psychologique, en tant que facteur de dissuasion. Celui qui les verra ne voudra sans doute pas passer à l’attaque», a résumé le lieutenant général turc à la retraite.
Fin 2017, Ankara a signé avec Moscou un contrat estimé à plus de 2,1 milliards d’euros pour la livraison de S-400, prévue en juillet 2019. Selon le ministère turc de la Défense nationale, Ankara commencera à déployer les systèmes sur son territoire dès octobre 2019.
Washington a prévenu la Turquie que le contrat conclu avec Moscou pourrait remettre en cause l’achat d’avions de chasse furtifs F-35 à Lockheed Martin. Pourtant, Recep Tayyip Erdogan a à plusieurs reprises promis que son pays ne reviendrait pas sur sa décision d’acheter des S-400.
Source: Sputnik