La coalition internationale dirigée par Washington qui mène des raids aériens contre des cibles soi-disant takfiristes en Irak a annoncé vendredi se conformer à un ordre récent du Premier ministre irakien de cesser tout vol sans avoir obtenu une autorisation explicite.
Dans un communiqué, la coalition a dit s’être « immédiatement conformée à tout ordre reçu de ses partenaires irakiens ».
Jeudi, le bureau du Premier ministre Adel Abdel Mahdi a annoncé l’annulation des « autorisations spéciales » pour les vols dans son espace aérien.
« Les autorisations viendront désormais exclusivement du chef des forces armées », a précisé le bureau du Premier ministre.
La décision s’appliquera aux opérations de reconnaissance, aux avions de chasse, aux hélicoptères et aux drones. Elle concerne « toutes les entités irakiennes et non-irakiennes », sans pour autant faire mention explicite de la coalition.
Tout appareil volant sans autorisation « sera considéré comme un appareil hostile et sera immédiatement traité par la défense aérienne », selon les instructions du Premier ministre.
Ces annonces interviennent quelques jours après l’explosion mystérieuse d’un dépôt d’armes du camp militaire de Saqr au sud de Bagdad, qui a fait 29 blessés.
Le Premier ministre irakien a ordonné l’ouverture dans la semaine d’une enquête sur l’incident. Il a également demandé à ce que les dépôts d’armes soient déplacés à l’extérieur des villes irakiennes.
Explosions mystérieuses
Selon des sources proches des services de renseignement irakiens tout comme des témoins sur le terrain, l’attaque contre la base militaire de Saqr- appartenant au Hachd Chaabi- aurait impliqué un avion inconnu qui aurait visé à plusieurs reprises des stocks d’armes.
Il y a deux semaines, une explosion similaire est survenue dans le camp d’Abou Montazar al-Mohammadawi à Diyala. L’auteur de cette frappe n’a pas été encore identifié.
Dix jours avant, une autre base militaire des Hachd al-Chaabi à Salaheddine, baptisée Amerli, dans le nord de l’Irak, avait été frappée.
Pour les experts militaires, les explosions récentes visant les bases militaires de la Résistance irakienne étaient bien trop puissantes pour avoir été provoquées par des drones. Les drones de Daech de fabrication rudimentaire sont susceptibles de porter au maximum deux bombes de 500 grammes.
Or, l’ampleur des destructions provoquées par les explosions dans les trois bases en question ne laisse aucun doute : il s’agit de raids aériens. Est-ce Israël ?
Après l’explosion survenue à al-Dora, le Wall Street Journal y est allé de sa version, et n’a pas exclu une implication d’Israël dans les trois incidents. Et pourtant il y a des incongruités dans cette version.
En effet, à la demande de Bagdad, les frontières irakiennes sont strictement surveillées à la fois par la Russie (ouest) et par l’Iran (est), et ce en vertu des coopérations sécuritaires de plus en plus étroites entre l’Irak, l’Iran, la Russie et la Syrie. Le jour des explosions sur la base d’al-Dora, les puissants radars de la DCA russe, qui surveillent attentivement les moindres mouvements sur les frontières ouest de l’Irak avec la Syrie, n’ont observé aucune violation de l’espace aérien irakien par les avions israéliens. Tout porte donc à croire que les trois explosions visant les trois bases des Hachd seraient l’œuvre des USA. D’ailleurs les Américains n’ont jamais caché leur animosité envers les forces de la Résistance qu’ils veulent dépouiller de leurs armes. S’inscrivent dans ce même sens les sanctions de Washington contre les Hachd al-Chaabi et leurs commandants.
Pour des analystes, la décision du Premier ministre irakien est une première restriction à imposer aux Américains, qui entendent se servir librement du ciel irakien sous prétexte de la lutte contre le terrorisme. Les Américains ont tout intérêt à la respecter sinon les Hachd passeront à l’offensive, font remarquer les sites de la Résistance irakienne.
Sources: AFP + PressTV