Omar el-Béchir, au pouvoir durant trois décennies au Soudan, a reconnu avoir perçu 90 millions de dollars en espèces de l’Arabie saoudite, a rapporté lundi 19 aout un enquêteur à l’ouverture du procès pour corruption du président déchu à Khartoum.
L’ouverture de ce procès, initialement prévu samedi, intervient alors que le processus de transition vers un pouvoir civil attend toujours son premier acte concret avec la désignation des membres du conseil souverain, reportée à mardi.
L’ex-chef de l’Etat, destitué par l’armée (soutenue par Ryad-Abou Dhabi-Le Caire) le 11 avril en réponse à des manifestations massives, a pris place dans une cage en métal, mal rasé et vêtu d’une robe blanche traditionnelle. Ses proches dans la salle ont scandé « Allah Akbar » (Dieu est le plus grand), auquel il a fait écho.
Il a été informé par le parquet qu’il faisait face à des accusations de « possession de devises étrangères, de corruption » et de trafic d’influence.
« Dépensées »
Durant l’audience, le brigadier Ali, chargé de l’instruction, a détaillé des aveux d’Omar el-Béchir sur le versement d’importantes sommes d’argent saoudien en espèces –à hauteur de 90 millions de dollars.
Ali a rappelé que de vastes sommes avaient été retrouvées dans la résidence de M. Béchir après sa destitution.
« L’accusé nous a dit (…) qu’une somme de 25 millions de dollars lui avait été envoyée par le prince (héritier saoudien) Mohammed ben Salmane hors budget de l’Etat », a déclaré l’enquêteur.
Il a également indiqué qu’Omar el-Béchir avait reconnu avoir reçu deux paiements de 35 et de 30 millions de dollars du roi Abdallah d’Arabie saoudite, décédé en 2015.
Selon cet enquêteur, M. Béchir a admis qu’il décidait de l’utilisation de ces sommes, qu’elles avaient effectivement été dépensées, mais qu’il ne se rappelait pas précisément comment et ne disposait d’aucun document.
Tout au long des trois heures d’audience, il est apparu calme. Le procès reprendra samedi 24 août.
Rappelons que des milliers de militaires soudanais participent à la coalition dirigée par l’Arabie, qui mène une guerre sans merci contre le Yémen, depuis mars 2015.
Source: Avec AFP