Dans un sondage d’opinion mené auprès d’un certain nombre d’experts du Moyen-Orient, Carnegie Middle East Center à Beyrouth a examiné les raisons du changement de politique étrangère des Émirats arabes unis et de leur rapprochement vers l’Iran.
Joe Makaran, expert du Moyen-Orient au Centre arabe est d’avis que « le détournement des Émirats arabes unis vers l’Iran est plutôt une décision stratégique que tactique constituant un message à l’administration Trump.
« Les EAU se sont récemment opposés à l’administration Trump au sujet de nombreux problèmes, notamment la proximité du Qatar avec Washington. Bien que l’économie des Émirats arabes unis – en particulier de Dubaï – ne soit pas en mesure de faire face à l’Iran, ils ont réalisé que Trump ne se confronterait pas à l’Iran, mais qu’il soutiendrait la navigation dans le détroit d’Hormuz et qu’il tenterait de trouver un moyen de négocier avec l’Iran.
Les trois raisons de cette volte-face sont les suivantes: premièrement, ce virement pourrait nuire au noyau principal de la stratégie de l’administration Trump au Moyen-Orient. Elle pourrait par exemple perturber la formation d’une coalition arabo-israélienne contre l’Iran, affectée par un nouvel accord israélo-palestinien, et les tentatives des États-Unis pour former une coalition maritime.
Deuxièmement, cette nouvelle approche met à l’épreuve la forte alliance entre l’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, laisse Riyad seul avec Bahreïn qui se contente d’une guerre verbale avec l’Iran et refuse de faire un compromis avec les Houthis du Yémen.
Et la troisième raison de ce changement d’approche est le refus de la politique « d’ingérence » émiratie.
Actuellement, Abou Dhabi a choisi de ne pas entrer en conflit avec l’Iran et ses alliés au Yémen.
« Les Émirats arabes unis mènent actuellement une politique visant à éviter les conflits avec l’Iran et leurs alliés au Yémen. Téhéran, avec sa nouvelle politique, a envoyé aux États du golfe Persique le message qu’ils seraient les premiers perdants en cas de pression militaire américaine. D’une part, la saisie de pétroliers et l’incapacité de les libérer ont bien prouvé que Washington n’était pas en position de faire pression sur l’Iran pour réduire les tensions ni de soutenir ses alliés dans la région », a expliqué Fatima Alasrar, analyste des questions du golfe persique.
« Par ailleurs, les États-Unis ne sont pas clairs et catégoriques dans leur politique envers l’Iran. D’un côté, ils se disent prêts à se mettre à la table des négociations avec l’Iran, mais de l’autre, ils le menacent d’une attaque militaire. Or, dans ce contexte, si l’Iran et ses alliés décident d’attaquer leurs ennemis, Abou Dhabi n’a d’autre choix que de s’ouvrir à l’Iran », a-t-elle précisé.
Source: PressTV