La proposition israélienne soumise aux autorités de transition syriennes pour la signature d’un nouvel accord de sécurité sur le sud de la Syrie ne contient que quelques détails techniques sur la configuration souhaitée par ‘Israël’ pour la région.
Cependant, de nombreuses clauses non divulguées semblent devoir être approuvées avant la signature de l’accord, que Washington s’efforce de conclure à la veille de la visite du président syrien de transition, Ahmad al-Charaa, aux États-Unis pour participer aux réunions de l’Assemblée générale des Nations Unies la semaine prochaine.
Les clauses divulguées par le site américain Axios incluent principalement une méthode de division du sud de la Syrie en trois niveaux, une méthode qui, selon le site US, imite les accords de Camp David signés entre ‘Israël’ et l’Égypte en 1979.
Selon le plan israélien, ‘Israël’ annexe des zones supplémentaires du territoire syrien en élargissant la zone tampon définie par l’accord de cessez-le-feu de 1974 entre Damas et Tel-Aviv à une profondeur de deux kilomètres.
Au deuxième niveau, le plan interdit aux autorités syriennes d’introduire tout véhicule militaire lourd dans le sud.
Au troisième niveau, il est interdit à tout avion militaire syrien de survoler le sud du pays, du sud-ouest de la capitale, Damas, jusqu’à la zone tampon. ‘Israël’ conservera certaines zones qu’il occupées après la chute de l’ancien régime, notamment sa présence militaire au sommet stratégique du mont Hermon.
Selon Axios, les termes du plan annoncé auxquels les autorités syriennes de transition n’ont pas encore réagi, tandis qu’elles s’efforcent d’élaborer un contre-plan, soulèvent de nombreuses interrogations quant aux changements que sa mise en œuvre pourrait induire.
Ceci s’inscrit dans le contexte de l’imposition forcée de cette réalité par ‘Israël’ au sud, empêchant Damas d’y acheminer du matériel lourd. Israël ayant détruit la plupart des capacités militaires syriennes, notamment les aéroports militaires, les avions et les bases de défense aérienne (à l’exception des avions entretenus par la Turquie et en cours de décollage d’essai à l’aéroport militaire de Kuweires, dans la banlieue d’Alep, il y a environ deux semaines).
Ce qui précède signifie que le contenu de l’accord correspond parfaitement à la réalité envisagée par ‘Israël’ pour le sud de la Syrie, notamment sa forte présence à Soueida, désormais autonome. L’accord souhaité n’est donc qu’une simple confirmation écrite de la réalité, en dépit de quelques détails techniques.
Selon des informations divulguées par Axios, l’accord comprend également une clause supplémentaire accordant à ‘Israël’ une totale liberté de mouvement dans l’espace aérien syrien en maintenant un corridor aérien ouvert vers l’Iran via la Syrie.
Cela ouvrirait la voie à de futures frappes israéliennes et consoliderait le statu quo, où la Syrie est incapable de protéger son espace aérien contre les attaques israéliennes. Les autorités de transition n’ont manifesté aucune intention de le faire.
Le plan annoncé ignore également l’un des points les plus controversés pour ‘Israël’ dans le conflit syrien : l’expansion militaire turque. Tel-Aviv a explicitement rejeté cette possibilité. L’entité sioniste a détruit une base aérienne et une base de défense aérienne dans la région de Homs après la publication d’informations faisant état de tentatives turques de les exploiter dans le cadre de l’expansion militaire terrestre d’Ankara en territoire syrien.
Dans ce contexte, la visite urgente effectuée mercredi à Damas par le chef des services de renseignement turcs, Ibrahim Kalin, où il a rencontré Ahmad al-Sharaa, s’avère compréhensible.
Si l’Agence de presse arabe syrienne (SANA) a rapporté qu’al-Sharaa et Kalin ont discuté des développements régionaux et de de l’accord avec la direction des Forces démocratiques syriennes (FDS).
L’agence a ignoré le calendrier de cette visite, qui précédait une rencontre prévue entre le ministre syrien des Affaires étrangères par intérim, Assaad al-Shibani, et le ministre israélien des Affaires stratégiques, Ron Dermer, en présence de l’envoyé spécial américain en Syrie, Thomas Barrack.
Cette rencontre qui était prévue le mercredi 18 septembre à Londres, a été reportée à aujourd’hui et se tiendra désormais à Bakou, la capitale azerbaïdjanaise, selon Sky News, citant des sources informées anonymes.
Le plan israélien, dont certains détails ont fuité parallèlement à l’annonce d’un accord sur une « feuille de route » pour Soueida à la suite d’une réunion tripartite entre al-Shibani, son homologue jordanien Ayman Safadi et Barrack, soulève des questions supplémentaires quant à l’activité sécuritaire et militaire israélienne en cours dans le sud de la Syrie et quant à l’intérêt que la Turquie en tirera.
Il convient de noter que le président syrien par intérim Ahmad al-Sharaa s’est montré optimiste mercredi soir concernant les négociations avec ‘Israël’, déclarant qu’un accord de sécurité pourrait « porter ses fruits dans les prochains jours ». Il a qualifié cet accord de « nécessité ».