La presse iranienne se souvient samedi de Jacques Chirac comme du dernier « dirigeant populaire » français, regrettant ses liens avec le dictateur irakien Saddam Hussein, mais saluant son action en vue d’un dégel des relations avec Téhéran.
Si la présidence iranienne s’est contentée d’un bref communiqué présentant ses condoléances au peuple français après la mort, jeudi à 86 ans, de l’ancien président de la République, un portrait en noir et blanc de ce dernier s’affiche sur toute la une du quotidien réformateur Sazandégui, qui titre : « La fin de la droite populaire ».
Proche de Saddam Hussein lorsqu’il était Premier ministre (1974-1976, puis 1986-1988), quand la France soutenait Bagdad contre Téhéran dans la guerre Iran-Irak (1980-1988), Jacques Chirac a aussi été à l’origine de la première visite en France d’un président iranien (Mohammad Khatami, en 1997) depuis la révolution islamique de 1979.
Le quotidien ultraconservateur Kayhan titre : « Jacques Chirac, ami intime de Saddam Hussein, est mort ».
Le journal utilise un verbe pour dire « mourir » qui, en persan, montre une absence de respect pour le défunt, et relève « les grands services (rendus par M. Chirac) à Saddam pendant la guerre » Iran-Irak.
A l’inverse, le quotidien réformateur Chargh titre en une sur « Chirac, hôte historique » de M. Khatami. Le journal relève l’accueil « rare » et « si chaleureux » que réserva le président français à son homologue iranien, figure du mouvement réformateur, dont la visite a été au cœur d’une intense controverse politique en France.
Le quotidien économique Donya-yé Eqtessad et le journal pro-gouvernemental Iran saluent tous deux l’opposition de l’ancien chef de l’Etat français à l’invasion américaine de l’Irak en 2003.
C’est l’une des actions « mémorables » du « dernier survivant des héritiers du général De Gaulle », écrit Donya-yé Eqtessad. Iran voit pour sa part en Chirac « le vestige d’une génération de dirigeants mondiaux qui s’en tenaient à un code de conduite de haut vol ».
Hamchahri, quotidien de la municipalité de Téhéran, titre sur « la mort du dernier dirigeant populaire de France ». Comme Sazandégui, le journal rappelle que M. Chirac fut le premier président français à reconnaître (en 1995) la responsabilité de la France dans la déportation de juifs pendant la Seconde guerre mondiale.
Il voyait dans cette responsabilité « une insulte aux valeurs authentiques de la France », écrit Sazandégui.
Source: AFP