La confusion rêgne sur ce qui s’est passé ces dernières heures entre l’armée turque et l’armée syrienne gouvernementale dans la province d’Idleb, dans le nord-ouest syrien, où la campagne militaire de Damas se poursuit pour en déloger les groupes jihadistes takfiristes.
Selon l’AFP, des raids turcs contre des positions de l’armée syrienne ont riposté à des tirs syriens qui ont coûté la vie à des militaires turcs, à un moment où l’armée turque a introduit «des renforts dans ses postes d’observation », selon les médias turcs.
Version AFP-Turquie
D’après l’AFP, la Turquie a bombardé ce lundi 3 février des positions de l’armée syrienne dans la province d’Idleb, tuant un certain nombre de soldats, en riposte à des tirs de la part de cette dernière, également ayant fait plusieurs morts côté turc.
« Nos avions F-16 et nos pièces d’artillerie sont en ce moment en train de bombarder des cibles définies par nos services de renseignement », a déclaré le président turc Recep Tayyip Erdogan lors d’une conférence de presse à Istanbul.
Le chiffre des tués dans les rangs des soldats syriens diverge selon les sources citées par l’AFP. Alors que le numéro un turc a affirmé qu’ils sont entre 30 et 35 soldats syriens, l’Observatoire syrien des droits de l’Homme (OSDH), a de son côté fait état de 13 tués et de 20 blessés.
Version de la Défense russe
Or la Défense russe a démenti la totalité de cette version des faits. Elle a nié qu’il y ait eu des raids aériens turcs contre des positions de l’armée syrienne, assurant que les avions turcs n’ont pas violé l’espace aérien syrien au dessus de la province d’Idleb qui est sous le contrôle des forces aéro-spaciales russes. Elle a aussi démenti qu’il y ait eu des victimes parmi les militaires syriens.
Cette version est proche de celle de l’agence syrienne Sana qui a pour sa part confirmé les tirs turcs contre des positions militaires syriennes, assurant qu’ils étaient « sporadiques » et n’ont pas fait de victimes.
En revanche, la Défense russe a confirmé les tirs syriens contre les militaires turcs, assurant toutefois qu’ils ont eu lieu lorsque les troupes syriennes traquaient les groupes terroristes. Selon le ministère turc de la Défense, il y aurait eu six tués dans les rangs des turcs, dont 5 militaires et un personnel civil .
Ces échanges de tirs interviennent à un moment où les forces gouvernementales syriennes, appuyées par Moscou, ont intensifié depuis plusieurs semaines leur offensive dans cette province et dans les régions occidentales de la province d’Alep, pour en déloger les milices jihadistes takfiristes qui l’occupent.
Après avoir libéré la localité de Maaret al-Noomane, puis celle de Khan Toumane, elles avancent en direction de Saraqeb.
Erdogan met en garde les Russes
Ankara, dont les groupes rebelles syriens qu’elle soutient sont les alliés de ces milices, a mis en garde la Russie de soutenir Damas.
« Je veux m’adresser en particulier aux autorités russes : notre interlocuteur, ce n’est pas vous, c’est le régime (syrien). N’essayez pas de nous entraver », a déclaré M. Erdogan lundi.
La chaîne d’information turque NTV a rapporté qu’une patrouille conjointe russo-turque, prévue lundi dans la région de Kobané (nord de la Syrie), avait été annulée.
Le porte-parole du parti de M. Erdogan, l’AKP, a estimé que le pouvoir syrien avait attaqué les soldats turcs car il se sentait « protégé par le parapluie russe ».
« Après cette attaque, les éléments du régime qui se trouvent dans cette région sont pour nous des cibles », a déclaré Omer Celik à la chaîne CNN-Türk.
Signe de la gravité de la situation, estime l’AFP, le ministre turc de la Défense Hulusi Akar s’est rendu à la frontière syrienne avec plusieurs hauts gradés, selon son ministère.
Source: Divers