La solidarité européenne ne serait-elle qu’un trompe-l’œil mis en lumière par l’épidémie de coronavirus ?
Selon des révélations de L’Express du 1er avril, le gouvernement français a réquisitionné le 5 mars dernier un stock de quatre millions de masques appartenant à la société Mölnlycke, une entreprise suédoise.
Problème, la moitié de ces masques arrivés de Chine et qui transitaient sur le territoire français, étaient destinés… à l’Espagne et l’Italie, deux partenaires européens de Paris, eux aussi durement touchés par la propagation du virus.
Le gouvernement, fortement critiqué pour son manque d’anticipation dans la crise, avait décidé le 3 mars de réquisitionner, comme en temps de guerre, tous les stocks de matériels sur le sol français.
L’entreprise suédoise a eu beau appeler à l’aide le gouvernement de son pays, cela n’a eu aucun effet deux semaines durant.
Ce n’est qu’au bout d’âpres négociations que le Secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN) a finalement accepté de laisser partir la moitié de ces masques à titre dérogatoire vers l’Italie et l’Espagne.
Conséquence de la mésaventure, la multinationale suédoise Mölnlycke a décidé à l’avenir de ne plus faire transiter ses importations par la France, préférant passer par un port belge.
«Ce sera plus cher mais, au moins, nous éviterons les saisies arbitraires pratiquées dans l’Hexagone», a confié un représentant de l’entreprise Mölnlycke à L’Express.
L’épisode risque de laisser des traces entre Stockholm et Paris : «Nous ne comprenons pas la manière d’agir des Français qui nous paraît inefficace», accuse ainsi dans les colonnes du magazine un haut fonctionnaire suédois sous couvert d’anonymat qui critique la façon de proclamer «Moi d’abord !» de la France.
Réponse cinglante d’un haut fonctionnaire français : «Nous commençons à en avoir assez des leçons de morale des Suédois.»
Une histoire qui n’est pas sans rappeler les révélations explosives du quotidien italien La Repubblica, le 21 mars dernier, selon lesquelles les autorités tchèques avaient «arbitrairement saisi une énorme cargaison de 680 000 masques et de milliers de respirateurs que la République populaire [de Chine] avait envoyée [à l’Italie]».
Après la polémique, Prague s’était excusé, assurant que Rome «ne [perdrait] rien».
Source: RT