Les Palestiniens ne croient pas les contingences des Israéliens sur l’annexion de la Jordanie, ni leurs présumées divergences avec l’administration américaine.
C’est du moins l’opinion de Saeb Erekat l’ex-négociateur en chef de l’AP et le secrétaire actuel du Comité exécutif de l’Organisation de libération de la Palestine.
M. Erekat écarte l’idée qu’il puisse y avoir une divergence entre Israël et l’administration américaine, « mais seulement des tactiques pour arnaquer le monde », selon ses propos lors d’un entretien avec le site web de la télévision israélienne i24.
« Celui qui lit le plan de Trump et de Netanyahu du 28 janvier 2020 est bien conscient que les choses ont été tranchées entièrement. Aussi bien sur le dossier des réfugiés que sur celui de la sainte mosquée et des autres dossiers », a-t-il précisé.
M. Erekat ne semble pas prendre au sérieux les allégations israéliennes selon lesquelles l’annexion se fera uniquement sur 30% de la superficie de la Cisjordanie.
« L’annexion se fera sur 100% des régions de la Cisjordanie. La sécurité entre le fleuve et la mer sera sous le contrôle d’Israël », a-t-il persisté.
Selon des médias, une graduation de l’annexion a été proposée par les Américains afin de contenir les réactions palestiniennes et celles du monde arabe à cette décision qui balaie définitivement le projet d’un Etat palestinien en bonne et due forme sur la Cisjordanie et la bande de Gaza. Ce projet préconisé par les occidentaux est déjà mis à mal par l’annonce israélo-américaine que la totalité de Jérusalem al-Quds est la capitale de l’entité sioniste, alors que sa partie Est aurait du être du for de l’Etat palestinien.
Pour modérer les positions positions des pays arabes sur cette démarche, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a dépêché ces derniers jours le chef du Mossad Yossi Cohen vers des capitales arabes, dont celle de la Jordanie.
Il aurait échoué dans sa tentative de dissuader le roi Abdallah II de sortir des accords de paix conclus avec les Israéliens dans ce cas.
Le roi jordanien aurait envoyé une message via son Premier ministre Ayman Safadi au chef de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas lui assurant que la Jordanie s’abstiendra d’aller de l’avant dans le traité de paix avec les Israéliens si la Cisjordanie est annexée, ont rapporté des sources jordaniennes à la télévision libanaise d’information al-Mayadeen Tv.
Selon l’investigateur israélien Barak Reuvid , Amman a informé Cohen que Tel Aviv se doit de supporter une riposte sans précédent de la part du royaume au cas où il mettait à exécution cette annexion. Amman aurait même menacé de riposter de la même façon catégorique que l’annexion soit étroite ou élargie.
Israël aurait voulu que la réaction d’Amman se contente de condamnation verbale sans passer aux actes. De même pour le Caire.
Entre temps, des versions divergentes sur le scénario à venir sont abondamment exposées dans les médias israéliens. Elles sont axées sur une éventuelle hésitation des dirigeants israéliens sur l’ampleur de cette annexion.
« Netanyahu qui devrait annoncer le mercredi 1 er juin prochain l’amorcement de l’annexion va sortir avec une déclaration de show, sans exécuter le plan», a argué le journaliste israélien Barak Reuvid.
La Chaine 13 avance que l’annexion n’englobera pas la vallée du Jourdain.
Le site N12 prétend qu’elle inclura seulement deux ou trois blocs de colonies sans préciser s’il s’agira de celles situées dans la vallée proche de Gush Atzion et qu’il est possible qu’elle implique aussi Maalé Adomim.
D’autres évoquent des divergences sur l‘annexion au sein de la coalition gouvernementale, entre le Likoud et Blanc-bleu , alors qu’ils s’étaient mis d’accord sur cette question lors de la formation du gouvernement d’union nationale.
Mêmes ces tergiversations médiatiques semblent suspectes. En faisant croire que le gouvernement israélien est en pleine hésitation, les dirigeants arabes pourraient s’estimer satisfaits, ou le faire avaler à leur opinion publique comme étant le fruit de leurs efforts. Alors que sur le terrain, l’annexion va de soi.
Interrogé par i24 sur les moyens dont disposent les Palestiniens pour riposter à la décision d’annexion, M. Erekat a répondu :
« Le roi (Abdallah II) l’a dit. Il y aura une révision des relations avec Israël si l’annexion est exécutée. C’est aussi la position de l’Egypte. Il n’y aura aucune normalisation avec Israël sans règlement de la cause palestinienne ».
Alors que le champ de la normalisation avec l’entité sioniste continue de s’élargir dépassant celui de l’Egypte et de la Jordanie vers les pays du Golfe, une telle attente semble non fondée.
Source: Divers