Sept roquettes ont visé mardi soir l’ambassade des Etats-Unis à Bagdad, une attaque qui rompt plus d’un mois de trêve décrétée par les factions irakiennes anti américaines.
Quatre projectiles se sont effectivement abattus dans la Zone verte où se trouve cette chancellerie, tandis que trois autres sont tombées dans des quartiers de Bagdad, a précisé l’armée américaine, rapporte l’AFP.
Selon la télévision libanaise d’information al-Mayadeen TV, les tirs provenaient du quartier al-Amine-2, dans la région Alf-Dar, située à Bagdad al-Jadidat à l’est de la capitale.
Evoquant de fortes explosions qui ont retenti tandis et des éclairs lumineux qui marbraient le ciel de la capitale irakienne, des journalistes de l’AFP ont dit avoir constaté que le système de défense anti roquettes américain de tir C-RAM était entré en action. Celui-ci n’est déclenché que lorsqu’elles menacent directement le complexe de l’ambassade.
Un porte-parole de la coalition a refusé de commenter son utilisation à l’agence.
« Des forces hors-la-loi »
Le commandement des opérations conjointes de l’armée irakienne a pour sa part accusé « des forces hors-la-loi », précisant que des roquettes se sont aussi abattues sur la ville al-Tab al-Zawra, tuant une fillette et blessant 4 civils.
Selon lui, ces tirs interviennent au moment où le gouvernement irakien a obtenu « le retrait de plusieurs centaines de militaires des forces étrangères en Irak », ce commandement a assuré que « l’attaque ne passera pas sans poursuite »,
Cette reprise des hostilités est intervenue au moment même où le nouveau ministre américain de la Défense par intérim, Christopher Miller, annonçait que les Etats-Unis allaient retirer 500 de leurs soldats en Irak pour n’en laisser que 2.500 dans le pays.
« Nos services sécuritaires et des renseignements ont entrepris les mesures nécessaires pour dévoiler ses auteurs afin qu’ils soient punis comme il se doit», a conclu le communiqué du Commandement irakien.
Selon l’AFP, l’attaque a eu lieu deux heures après un entretien téléphonique entre le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi et le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.
Les deux hommes ont notamment évoqué, selon le bureau de M. Kazimi, « l’avenir de la coopération entre l’Irak et la coalition internationale emmenée par les Etats-Unis », déployée en 2014 en Irak avec pour prétexte de combattre le groupe wahhabite takfiriste Daech.
Occupation américaine
Des dizaines de roquettes, 90 selon Washington, ont déjà visé la Zone verte de Bagdad où siège cette chancellerie, ainsi que des bases abritant des soldats américains et des convois logistiques.
Washington accuse les brigades Hezbollah d’Irak d’être derrière ces attaques.
La présence des forces américaines et étrangères en Irak est décriée depuis l’assassinat, dans un raid aérien le 3 janvier 2020 du numéro deux des forces populaires du Hachd al-Chaabi qui ont combattu Daech avec l’assistance de conseillers iraniens, Abou Mahdi al-Mohandes au côté du général iranien de la forces al-Qods des gardiens de la révolution, le général Qassem Soleimani.
Leur retrait a été réclamé par une résolution votée à la majorité des membres du Parlement irakien, puis dans deux messages adressés par l’ex-Premier ministre irakien Adel Abdel Mahdi, au commandement de la Coalition et au Conseil de sécurité. Des manifestations grandioses organisées pour protester contre cette liquidation ont aussi réclamé ce retrait.
Face au refus des Etats-Unis de respecter cette demande, les factions du Hachd al-Chaabi ont déclaré que la présence des forces américaines relève de l’occupation et ont lancé des opérations de résistance contre les troupes et l’ambassade américaines, la plus grande du monde.
A la mi-octobre, elles ont annoncé qu’elles n’attaqueront plus l’ambassade américaine à condition que Washington annonce le retrait de toutes ses troupes d’ici la fin de l’année. Cette trêve avait été annoncée sur fond de tensions diplomatiques aiguës à Bagdad. Peu avant, M. Pompeo avait lancé un ultimatum aux dirigeants irakiens: si les tirs de roquettes ne cessaient pas, Washington rappellerait purement et simplement l’ensemble de ses diplomates et soldats du pays.
Source: Divers