Donald Trump, qui refuse toujours d’accepter la victoire de Joe Biden, poursuivait vendredi sa croisade, essentiellement à coups de tweets, suscitant des interrogations sur la façon dont il compte sortir de ce qui a tout d’une impasse.
A quel moment le président américain reconnaîtra-t-il sa défaite pour permettre une transition normale?
Bombardée de questions sur ce thème, sa porte-parole, Kayleigh McEnany, a esquivé.
« Le président a lancé des actions en justice, il prend les choses au jour le jour », a-t-elle simplement répondu, lors d’un point de presse particulièrement tendu.
Reclus dans la Maison Blanche, il devait cependant s’exprimer en début d’après-midi sur la baisse des prix des médicaments, l’un de ses chevaux de bataille depuis plusieurs mois.
Il a commencé sa journée en retweetant une vidéo de la stupéfiante conférence de presse de son avocat personnel Rudy Giuliani.
Jeudi, pendant près de deux heures, ce dernier, dégoulinant de sueur, multipliant les digressions, a accusé, sans preuves, le parti démocrate d’avoir organisé une fraude à grande échelle.
Le président américain devait recevoir vendredi des élus locaux du Michigan, Etat-clé qu’il avait emporté en 2016 face à Hillary Clinton et qu’il a perdu cette année face à Joe Biden.
Cette invitation, ou moment où l’Etat doit certifier lundi les résultats de l’élection du 3 novembre, a suscité une levée de boucliers.
Bob Bauer, avocat de l’équipe Biden, a dénoncé vendredi une initiative « affligeante » et « pathétique ».
« C’est un abus de pouvoir, c’est une tentative délibérée d’intimider des responsables électoraux », a-t-il déclaré, tout en se disant convaincu que l’initiative était vouée à l’échec.
Jeudi soir, le sénateur républicain Mitt Romney a accusé le président d’exercer « des pressions manifestes sur les autorités nationales et locales » pour « renverser la volonté du peuple ».
« Il est difficile d’imaginer une action pire et plus antidémocratique de la part d’un président américain en exercice », a-t-il lâché.
Interrogée sur cette rencontre, Kayleigh McEnany a affirmé, sans convaincre, qu’elle n’avait rien à voir avec les résultats électoraux et faisait partie des rendez-vous classiques du président avec différents élus du pays.
Accaparé par ce combat contre ce qu’il appelle une élection « truquée », Donald Trump donne le sentiment d’avoir abandonné toute velléité de gouverner.
Jeudi, il n’a pas participé, à la Maison Blanche, au point de presse de la cellule de crise sur le coronavirus, où étaient présents le vice-président Mike Pence et l’immunologue Anthony Fauci.
Regard sévère des Américains
« Il est difficile de comprendre comment cet homme raisonne », a estimé jeudi Joe Biden.
« Je suis convaincu qu’il sait qu’il a perdu et que je prêterai serment le 20 janvier. Ce qu’il fait est tout simplement scandaleux », a-t-il ajouté le prochain président qui fêtait vendredi ses 78 ans, deux mois jour pour jour avant sa prise de fonction.
Dans une étude rendue publique vendredi, le Pew Research Center a analysé le regard porté par les Américains sur le comportement de Donald Trump et de Joe Biden depuis l’élection du 3 novembre.
Le résultat est sans appel et sévère pour l’actuel locataire de la Maison Blanche: seulement 31% des personnes interrogées pensent que son attitude a été « bonne » ou « excellente » (contre 62% pour Joe Biden).
Au niveau national, Joe Biden a remporté près de 80 millions de voix lors du scrutin de novembre, contre un peu moins de 74 millions pour le milliardaire républicain.
Mais la présidence se joue au travers d’un système de grands électeurs attribués dans chaque Etat, et la victoire du démocrate est courte dans une poignée d’entre eux.
En Géorgie, le dépouillement initial ne lui donnait que 14.000 voix d’avance sur son rival, un écart tellement serré qu’un recomptage à la main a eu lieu.
Les autorités locales ont annoncé jeudi soir que ce recomptage avait conforté Joe Biden comme vainqueur de cet Etat, avec une marge légèrement rétrécie d’environ 12.200 voix.
La certification des résultats devait être annoncée dans la soirée.
Preuve du malaise croissant – mais jusqu’ici plutôt silencieux – que l’attitude du président suscite au sein du parti républicain, l’un de ses sénateurs, Lamar Alexander, a appelé Donald Trump à enclencher la transition.
Il n’a pas qualifié Joe Biden de président élu, mais a estimé qu’il avait « une très bonne chance » de l’emporter.
Si M. Alexander, élu du Tennessee, s’apprête à quitter son siège, il est cependant le plus haut républicain du Sénat à prendre position en ce sens depuis l’annonce des résultats le 7 novembre.
Source: AFP