La Turquie doit franchir une dernière étape pour devenir une république présidentielle, à savoir un référendum. Erkan Akçay, membre du PAN, un parti soutenant la réforme constitutionnelle, livre à Sputnik ses pronostics sur le scrutin.
Le Parlement turc a approuvé le 20 janvier les amendements à la Constitution visant à étendre de façon significative les pouvoirs du président. 339 députés ont voté pour ce projet de loi soumis au Parlement par le Parti de la Justice et du Développement (PJD), actuellement au pouvoir, alors que 142 membres du Parlement ont voté contre l’initiative.
La décision définitive sera prise par le peuple turc lors d’un référendum. « Notre peuple votera et fera le meilleur choix pour la Turquie », a déclaré le Premier ministre turc Binali Yildirim.
La date de la consultation nationale n’a pas encore été programmée, mais selon certaines sources, elle se tiendra entre fin mars et mi-avril. Le parti au pouvoir a déjà dévoilé son slogan pour sa campagne en faveur de la révision constitutionnelle: « J’aime la Turquie et je vote pour la république présidentielle. »
« À notre avis, la Turquie a besoin de cette transformation constitutionnelle, car il y a toujours un conflit entre le président et le gouvernement en ce qui concerne la distinction de pouvoirs. Les amendements approuvés par le Parlement visent à supprimer ce conflit », a déclaré Erkan Akçay, vice-président du groupe parlementaire du Parti d’Action Nationaliste (PAN) dans une interview accordée à Sputnik.
Selon ce projet, le président pourrait diriger le gouvernement ou nommer seul le Premier ministre. S’il est adopté, les forces militaires du pays, ainsi que les services de renseignement seront contrôlés directement par le chef de l’État. Pour le moment, leurs actions sont chapeautées par un organe collégial, le Conseil militaire suprême. Le rétablissement de la peine de mort pourrait également devenir une réalité dans le cadre de cette réforme.
Les nationalistes au sein du Parlement turc envisagent de lancer une campagne pour ces amendements ce qui reflète leur position déjà exprimée lors du vote au Parlement.
« Nous avons déjà démontré notre stratégie lors du vote au Parlement et nous allons la suivre. Par conséquent, nous mènerons une campagne en faveur de ces amendements avant le référendum dans le cadre des principes, du programme et de la position de notre parti », a déclaré M. Akçay.
Il a également déclaré être convaincu que le peuple turc adopterait ce changement constitutionnel.
« Le nombre de ceux qui voteront pour ce projet pourrait s’élever à 60 %. Bien sûr, on ne peut pas en être sûr à 100 %, car la situation pourrait changer. Pourtant, la population turque pourra donner son avis ouvertement sans atteinte à ses droits et sans aucune pression. Je pense que le référendum se tiendra dans une ambiance calme conformément à la procédure établie », a-t-il précisé.
Cependant, la population turque est plutôt opposée à ces nouveautés. Les résultats d’un sondage de l’Institut Mertopoll montrent que 51 % de la population turque se prononce contre le régime présidentiel, alors que 10 % sont sans opinion. Si la population dit non aux amendements lors du référendum, la question sera finalement close, confirme M. Akçay.
« Nous serons obligés à mettre fin à cette discussion, car il est inutile d’insister sur un projet contre lequel se prononce le peuple turc. Si on parle de la souveraineté nationale et de la primauté de la volonté du peuple qu’il exprime lors de référendums, nous sommes obligés de respecter tous les résultats de ces référendums », a conclu Erkan Akçay.
Source: Sputnik