Le gouvernement libanais n’a mis que deux mois à céder à la demande de Washington d’inclure un représentant civil au sein du Comité de surveillance du cessez-le-feu appelé « Mécanisme ».
Preuve en est l’annonce faite mercredi matin par la présidence libanaise, environ une heure avant la réunion du Comité de surveillance du cessez-le-feu à Naqoura, de la nomination de l’ancien ambassadeur Simon Karam à la tête de la délégation libanaise.
Des sources officielles ont gardé le nom de Karam secret jusqu’à quelques heures avant la réunion de mercredi.
Les trois officiers libanais membres de la délégation ont été informés tard mardi soir que Karam dirigera la délégation.
Tandis qu’un hélicoptère militaire transportait Karam et l’envoyée américaine Morgan Ortagus à Naqoura, le directeur principal de la politique étrangère au Conseil de sécurité nationale israélien, Yuri Resnik, arrivait en convoi depuis les territoires palestiniens occupés, chargé de représenter l’occupation israélienne.
Selon des sources bien informées, la réunion, qui a duré plus de trois heures, s’est tenue dans une seule pièce et a commencé par des introductions.
La première partie de la réunion s’est déroulée en présence des trois officiers de l’armée libanaise participant aux rencontres depuis leur création il y a un an, ainsi que de représentants de l’armée d’occupation. Lors de la seconde partie, les officiers ont quitté les lieux, ne laissant que Karam et Resnik, le chef du comité, le général américain Joseph Clearfield, son adjoint, le général français Valentin Sellier, et le commandant de la FINUL, le général italien Dioto Abagnara.
Des sources citées par le quotidien libanais AlAkhbar ont affirmé que la délégation libanaise s’était conformée au principe de ne pas communiquer directement avec la délégation israélienne.
La présence d’un civil au sein de la délégation libanaise auprès du Mécanisme n’était pas totalement inattendue.
Depuis octobre 2024, des responsables américains avaient annoncé l’accord des trois présidents pour inclure des civils dans la délégation libanaise et élargir le champ d’action du Comité aux questions techniques telles que la libération des prisonniers, le retrait israélien du Sud-Liban et la démarcation de la frontière.
Plus tard, l’ambassade des États-Unis à Beyrouth a publié un communiqué concernant la réunion, indiquant que l’inclusion de civils au sein du Comité « témoigne de l’engagement du Mécanisme à faciliter les discussions politiques et militaires visant à instaurer la sécurité, la stabilité et une paix durable. Ses travaux porteront sur un dialogue civil soutenu, en complément du dialogue militaire. L’ambassade se réjouit de collaborer étroitement avec Karam et Resnik lors des prochaines sessions et d’intégrer leurs recommandations.»
Et puis, bien que le Premier ministre libanais, Nawaf Salam, a affirmé que le Liban « n’est pas engagé dans des négociations de paix avec Israël et que toute discussion sur une normalisation reste subordonnée à un processus de paix global », le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a déclaré que la réunion de la veille « a abouti à un accord visant à formuler des propositions pour renforcer la coopération économique entre le Liban et ‘Israël’ après le désarmement du Hezbollah.»
Sur le terrain, des sources bien informées ont indiqué que la bande frontalière pourrait connaître des développements opérationnels dans les prochains mois, notamment une réduction des effectifs des forces d’occupation israéliennes dans les territoires occupés. Ce serait un geste positif témoignant de la coopération du Liban avec les directives américaines, non seulement par le biais de négociations indirectes et d’une représentation civile au sein du « Mécanisme », mais aussi en « acceptant qu’une force du Comité inspecte les installations suspectées par Israël ».
Dans ce contexte, Salam a déclaré que le Liban admet à ce que les forces américaines et françaises procèdent à une vérification sur place de la mise en œuvre par l’armée libanaise de sa mission de désarmement du Hezbollah (au sud de Litani).



