Quand Ezmarai Ahmadi est rentré chez lui, le dimanche 29 août à Kaboul, il a tendu les clés de sa berline à son fils, a vu les autres enfants de la maison s’engouffrer joyeusement dans la voiture. Puis un missile américain s’est écrasé dessus, a raconté son frère, tuant dix personnes.
« Le missile est arrivé et a frappé la voiture pleine d’enfants stationné dans l’enceinte de notre maison », se souvient lundi Aimal Ahmadi, le frère d’Ezmarai, depuis Kwaja Burga, un quartier densément peuplé du nord-ouest de Kaboul. « Il les a tous tués. »
D’après Aimal Ahmadi, dix membres de la famille ont péri dans la frappe aérienne, dont sa propre fille et cinq autres enfants.
Lundi, lorsque l’AFP s’est rendue sur les lieux de la frappe, ce père endeuillé attendait impatiemment l’arrivée de proches pour l’aider à organiser l’enterrement de la plupart des membres de sa famille.
« Mon frère et ses quatre enfants ont été tués. J’ai perdu ma petite fille, des neveux et des nièces », énumère-t-il avec tristesse, devant la carcasse du véhicule, transformé en un tas de métal calciné.
Les États-Unis ont déclaré dimanche avoir détruit un véhicule chargé d’explosifs lors d’une frappe aérienne, déjouant ainsi une tentative du groupe Daes de faire exploser une voiture piégée à l’aéroport de Kaboul.
Cette frappe pourrait constituer la dernière bavure de l’armée américaine en Afghanistan – les troupes américaines ayant quitté dans la nuit de lundi à mardi Kaboul, après vingt ans de guerre contre les talibans et des dizaines de civils morts en « dommages collatéraux ».
Près de 100 Afghans ont été tués, ainsi que 13 membres des services américains, un jour seulement avant l’annonce lundi du retrait du dernier soldat américain d’Afghanistan après 20 ans d’occupation.
Lorsque les voisins ont entendu l’explosion dans le quartier, ils sont rapidement venus voir quelle aide ils pouvaient apporter.
« Tous les enfants ont été tués à l’intérieur de la voiture, les adultes ont été tués juste à l’extérieur. La voiture était en feu – nous pouvions à peine trouver des morceaux de corps », a déclaré l’un d’eux, nommé Sabir.
Si les Etats-Unis ont indiqué « qu'(ils se sentiraient) profondément attristés par toute perte potentielle de vie innocente », Rashid Noori, un voisin, a hurlé son désespoir.
« Les talibans nous tuent, Daesh nous tue et les Américains nous tuent », a-t-il déclaré. « Est-ce qu’ils pensent tous que nos enfants sont des terroristes ? ».