L’envoi par les Etats-Unis d’un émissaire américain détenant la nationalité israélienne pour le charger du dossier de la démarcation des frontières maritimes avec l’ennemi israélien n’est pas passé inaperçu au Liban.
Il est même perçu comme une humiliation infligée aussi bien par l’administration de Biden que par les responsables libanais qui l’ont rencontré, sans aucune objection.
Arrivé au Liban le mardi, Amos Holchstein a rencontré le mercredi le président de la République, Michel Aoun, le chef du Parlement, Nabih Berri, et le Premier ministre Najib Mikati. Dans l’après-midi, une photo lui a été diffusée aux côtés du ministre de l’Energie Walid Fayyad, dans un restaurant. En présence de l’ambassadrice Dorothy Shia. Une rencontre dans la joie. « La visite de la honte », ont == de nombreux internautes sur les réseaux sociaux.
« Un ennemi dans notre maison. Boycottez l’émissaire israélien », a titré avec irritation le journal libanais al-Akhbar selon lequel les responsables libanais auraient dû refuser de le rencontrer si ce n’est sur le principe de l’état d’animosité avec Israël, ou sur celui du conflit d’intérêts.
Plus offensante a été la réponse « insolente » donnée par un diplomate américain lorsqu’il a été interrogé sur ce choix : « Lorsque vos responsables nous demandent s’ils peuvent visiter la Syrie sans faire l’objet de sanctions américaines et demandent notre autorisation lorsqu’ils veulent participer à des conférences ou des rencontres auxquelles participent des gens soumis à des sanctions américaines, croient-ils que nous allons leur demander leur avis sur celui qu’on va leur envoyer », rapporte le journal libanais.
L’intérêt de Hochstein pour les hydrocarbures au large du Liban et de la Palestine occupée remonte à 2009 lorsque les Etats-Unis l’ont désigné pour conduire le processus de décisions sur l’exploration du gaz maritime en Méditerranée.
Entre 2013 et 2016, Hochstein a visité le Liban à plusieurs reprises surtout pendant le vide ministériel entre 2014 et 2016. Mais ses négociations se sont soldées par un échec.
Pendant sa récente visite, il n’a pas exposé son approche et s’est contenté de scruter les différents points de vue des responsales libanais, indiquent les médias libanais.
Avec le ministre de l’Energie, selon le bureau de ce dernier, il a évoqué les solutions pour le secteur de l’Energie, qui fait grandement défaut au Liban en raison de la crise économique qu’il traverse, dont l’initiative lancée par les Américains d’acheminer du gaz depuis l’Égypte et sa transformation en Syrie via le système Swab et d’acheminer de l’électricité depuis la Jordanie. Fayyad a remercié les efforts de Hochstein et de Shia auprès de la Banque mondiale sachant que les USA sont les plus grands contributeurs de cette institution qui devrait financer le projet énergétique, précise le bureau.
Selon les observateurs, Hochstein, « veut attraper le Liban par les endroits qui lui font le plus mal », jouant le rôle de son sauveur. Alors qu’il veut l’entrainer malgré lui vers la normalisation avec son ennemi israélien, ou l’assujettir à la primauté de l’intérêt suprême israélien, principal credo de la politique étrangère américaine.
« Jamais dans l’histoire, pour régler un litige entre deux pays, n’a été choisi un médiateur qui soit originaire de l’un des deux pays », constate pertinemment al-Akhbar.
Source: Médias