Dans une note interne de la CIA divulguée aux médias, le directeur de l’agence, William Burns, a annoncé la création de deux nouveaux centres de mission.
Le China Mission Center, détaille la note, se concentrera sur « la menace géopolitique la plus importante à laquelle nous sommes confrontés au XXIe siècle, un gouvernement chinois de plus en plus hostile ».
Le Centre de mission transnationale et technologique se concentrera, lui, sur les changements climatiques, les pandémies et les technologies émergentes.
Éric Denécé, directeur du Centre français de recherche sur le renseignement (CF2R) et l’auteur du livre La nouvelle guerre secrète (Mareuil Édition), explique que les services secrets du monde entier ont l’habitude de se réorganiser régulièrement. Et « les réorganisations vont se faire de manière transversale » sur deux sujets majeurs que sont les épidémies et l’environnement:
« Depuis 10, 15, 20 ans, la CIA a perdu en matière de compétences opérationnelles et elle sous-traite aux unités militaires clandestines du Pentagone des tas de missions à l’étranger. »
Le directeur du CF2R constate que l’on assiste à une forme de remilitarisation du renseignement comme pendant la Seconde Guerre mondiale, où finalement la CIA est un peu entre deux chaises:
« Elle était surtout polarisée sur la lutte antiterroriste. Et vu qu’elle n’a pas les moyens d’aller jusqu’au bout des choses malgré ses unités de drones qui font beaucoup de frappes, elle a passé un partenariat avec les Special Forces. Mais ce partenariat lui a échappé parce qu’aujourd’hui, le Pentagone fait plus de renseignement que la CIA et a plus d’opérateurs de terrain. Donc elle se repositionne sur d’autres créneaux. »
Le positionnement actuel de la CIA vis-à-vis des autres acteurs du renseignement américain, explique donc sa volonté de réorienter ses missions et opérations :
« La Maison-Blanche, quand elle veut mener des opérations clandestines, passe par des unités secrètes du Pentagone parce qu’il est beaucoup plus facile de dissimuler des programmes, des armements, des unités au sein de l’appareil militaire qu’au niveau de la CIA », constate Éric Denécé.
D’autres agences gouvernementales ont déjà l’expertise nécessaire pour recueillir des données scientifiques liées aux questions environnementales et épidémiologiques. Pourquoi la CIA devrait-elle s’en mêler?
« La CIA est le seul service au monde à ma connaissance qui fasse de la prospective, elle publie des analyses géopolitiques tous les ans », observe le directeur du CF2R.
Source: Sputnik