La province yéménite de Ma’rib (nord) jouit d’une importance géopolitique, militaire et économique dans l’équilibre des forces au Yémen mais aussi en Arabie saoudite.
Si jamais les combattants houthis de l’organisation Ansareullah en arrivaient à se saisir de Ma’rib, située dans une région qui contient l’essentiel des ressources en hydrocarbures du pays, Riyad perdrait le dernier « bastion militaire unifié » qu’il possède au Yémen, vu qu’Aden est partagé avec les Emirats ainsi que toutes les autres provinces contrôlées par l’Arabie à travers le territoire yéménite.
Un état des lieux d’abord, la province de Ma’rib borde les provinces d’al-Jawf au nord, d’al Bayda au sud, de Chabwah au sud-est, d’Hadramaout à l’est et de Sanaa à l’ouest.
La superficie de Ma’rib est d’environ 17 405 kilomètres carrés répartis en 14 districts.
Jusqu’à présent, 80 % de la population de Ma’rib est contrôle par les autorités du gouvernement de Sanaa, qui a normalisé la situation dans 12 des 14 districts, tandis que 20 % de la population totale de la province reste sous le contrôle du parti pro-saoudien al-Islah, une émanation des Frères musulmans.
Selon des estimations semi-officielles, environ 85% de la population tribale de Ma’rib est désormais sous le contrôle de Sanaa, tandis que la plupart des membres des tribus de Ma’rib ayant participé aux batailles assument des tâches sécuritaires et administratives dans les districts libérés.
Les 15% restants sont répartis dans Wadi Ubaidah, en dehors de la ville de Ma’rib et sont sous le contrôle de Al-Islah.
Selon des informations citées par le quotidien libanais AlAkhbar, la plupart des chefs des tribus d’Ubaidah préfèrent la paix et épargner la ville de probables affrontements.
Sanaa négocie, depuis mardi dernier, avec les tribus de Ma’rib pour les persuader de s’abstenir de combattre dans les rangs de la coalition saoudienne.
Al-Akhbar a appris de deux sources tribales à Sanaa qu’il y a des pourparlers en cours pour épargner la ville et ce qui reste de Ma’rib, notamment al-Wadi et la zone pétrolière de Safer.
Et d’ajouter: « le parti al-Islah semble avoir perdu l’espoir de rester à Ma’rib, car des sources locales confirment la baisse des ventes dans les marchés de la ville et l’augmentation des ventes de maisons et de magasins appartenant aux dirigeants du parti, par crainte que leurs propriétés ne soient confisquées ».
Ces mêmes sources ont rapporté qu’Al-Islah a transféré son centre financier depuis Ma’rib vers Wadi Hadramout et Al-Mohra.
Mais en quoi Ma’rib est importante ?
Ma’rib est une passerelle nord-sud. Elle se trouve à environ 120 kilomètres (75 miles) à l’est de la capitale Sanaa, et lui est reliée par une grande autoroute. Elle se trouve également à proximité d’une autre autoroute qui mène au sud de l’Arabie saoudite.
Sa position requiert son importance non seulement en raison de sa proximité avec Sanaa, mais aussi parce qu’elle se trouve sur un carrefour entre les régions du sud et du nord.
Et c’est surtout sa richesse énergétique énorme qui est en jeu. Connue pour ses richesses pétrolières et ses prouesses d’ingénierie agricole, comme le barrage de Ma’rib, la région a longtemps jouit d’une importance stratégique au Yémen.
Si les forces d’Ansarullah parviennent à prendre le contrôle total de la totalité de la province de Ma’rib, les mercenaires pro-Hadi perdront leurs derniers fiefs dans les provinces du centre et du nord.
La libération de Ma’rib signifie aussi le renforcement des frontières d’un Yémen uni dans les régions du nord du pays.