Les baisses de livraisons de gaz russe à l’Europe via Nord Stream, récemment décidées par Moscou, sont une « attaque » qui vise à « semer le chaos sur le marché européen de l’énergie », dénonce le ministre allemand de l’Économie et du Climat, Robert Habeck qui a indiqué que son pays va devoir revoir sa politique énergétique et recourir au charbon, après avoir promis d’arrêter définitivement son utilisation en 2030.
« Ce que nous avons vu la semaine dernière revêt une autre dimension. La réduction des livraisons de gaz par Nord Stream est une attaque contre nous », a-t-il affirmé mardi 21 juin, lors d’un discours devant les patrons de l’industrie à Berlin.
Le ministre allemand a par ailleurs déclaré que le gouvernement pourrait être amené à décréter un rationnement énergétique obligatoire dans le pays : « Nous serons contraints d’adopter de nouvelles mesures d’économie, si nécessaire, par décret », a-t-il déclaré à la chaîne de télé TVARD.
Retour au charbon
Il avait déclaré dans un communiqué dimanche 19 juin que son pays va aussi devoir recourir au charbon, le combustible fossile le plus émetteur en gaz à effet de serre, responsable du réchauffement climatique, alors le gouvernement d’Olaf Scholz avait promis de sortir du charbon d’ici à 2030.
« C’est amer, mais c’est indispensable pour réduire la consommation de gaz », a réagi le ministre allemand écologiste de l’Economie.
La Russie a pris cette mesure en riposte après l’annonce par Kiev de de l’envoi des canons automoteurs allemands Panzerhaubitze 2000 à l’armée ukrainienne. Berlin avait annoncé début mai que l’Allemagne lui en fournirait sept pour l’aider à contrer l’armée russe.
La société russe Gazprom a averti la semaine dernière qu’elle était « obligée d’arrêter de suspendre le fonctionnement de la pompe fabriquée par la société allemande Siemens à la station de pression de Portovaya de North Stream en raison de la nécessité de sa maintenance, ce qui conduira à « réduire d’un tiers ses expéditions de gaz vers l’Europe via ce gazoduc ».En service depuis 2012, le gazoduc Nord Stream alimente l’Allemagne en gaz russe via la mer Baltique.
Selon la compagnie, sa production journalière passera de 100 à 67 millions de mètres cubes par jour à compter du 16 juin.
Une première baisse de 167 à 100 millions de mètres cubes avait été décidée quelques jours auparavant.
L’Allemagne était censée être approvisionnée par le nouveau projet Nord Stream 2, auquel l’Allemagne a contribué à son financement, malgré les pressions énormes exercées par les Etats-Unis et leurs tentatives de lui faire obstruction.
Une fois achevée, il devait entrer en service lorsque la crise a éclaté entre la Russie et l’Ukraine, et l’Allemagne a décidé de suspendre son partenariat après que la Russie a reconnu la souveraineté des républiques populaires de Donetsk et de Lougansk. Les accords de Minsk en 2014 auraient dû discuter les demandes d’indépendance de ces deux régions russophones de la région Donbass de l’Est ukrainien, mais les puissances occidentales les ont totalement ignorés pendant 8 années. La Russie a déclaré entre autres comme objectifs de sa guerre en Ukraine d’aider ces deux républiques qui ont subi des attaques régulières pendant ce temps-là, fauchant la vie à plus de 13 mille habitants.
Le diesel russe coule à flots
Par ailleurs, l’agence Bloomberg a rapporté que les approvisionnements en diesel russe vers l’Europe demeurent élevés en dépit des sanctions et des tentatives de renoncer aux ressources énergétiques russes.
Ils ont atteint les 14 millions de barils durant ce mois-ci, ce qui ne constitue qu’une baisse insignifiante par rapport à leur niveau d’avant la guerre en Ukraine, affirme l’agence qui s’est basée sur les chiffres et datas de la société analytique Vortexa.
Selon elle, le diesel russe qui est acheminé depuis des Etats qui faisaient partie de l’ex-Union soviétique constitue la moitié du carburant importé par les pays européens.
Source: Diver