Rappel, nous avons observé depuis l’entrée dans le conflit des forces armées russes (24 février) 2 principales phases stratégiques entrecoupées par une pause opérationnelle où les dispositifs ont été réorganisés:
• Jusqu’en mars, une phase offensive initiale axée sur la rapidité d’exécution, l’étendue et la profondeur du front, ce qui a permis de détruire les capacités offensives ukrainiennes.
• En avril, une réorganisation du dispositif russe avec notamment un retrait du secteur Nord (secteur de Kiev à Soumy) et un renforcement du secteur centre (Donbass).
• De fin avril à mi-août, une priorité donnée à la libération des territoires républicains de Donetsk et Lougansk et à la stabilisation des secteurs de Kharkov, Zaporojié et Kherson.
Depuis la mi-août, et malgré des succès tactiques significatifs, l’état-major russe, face à la résistance des forces ukrainiennes laquelle est principalement rendue possible grâce aux aides militaires de l’OTAN, et pour éviter que le front n’évolue vers l’enlisement et l’attrition souhaité par Washington, déploie d’importants renforts blindés tandis qu’une intensification de ses bombardements engage la préparation d’une nouvelle phase stratégique offensive.
Plusieurs réserves opérationnelles terrestres russes, ainsi que des flottes aériennes de combats importantes ont été acheminées le long des frontières ukrainiennes, notamment dans les régions russes de Belgorod (face au front Nord de Kharkov), de Rostov (face au front de Donetsk) et en Crimée (face au front de Kherson).
Dont entre autres le IIIe Corps d’Armée russe qui est une réserve opérationnelle forte d’environ 15 000 hommes et récemment renforcée, réorganisée et entrainée sur le terrain de manœuvre de Mulino dans la région de Nizhny Novgorod pour être adaptée aux menaces et contraintes du front russo-ukrainien.
Actuellement les premiers convois arrivent dans le Donbass avec des équipements de combat modernes, chars de combat T-80BV, T-90M, BMP3 ainsi des unités de défense antiaérienne et de génie de combat renforcées.
Sur les autres fronts, au Nord dans les secteurs de Kharkov et au Sud dans celui de Kherson, d’autres renforts russes sont observés en train de se déployer vers les positions ukrainiennes. Certains observateurs estiment que les effectifs de ces nouvelles unité russes sont d’environ 60 000 hommes, ce qui constituerait le renfort le plus important opéré depuis le début des opérations militaires russes. À noter que leurs équipements comprennent de nombreux matériels modernes, ce qui marque également l’évolution d’un engagement qui s’appuyait jusqu’ici sur le vieil arsenal soviétique.
Après avoir sécurisé et consolidé les acquis tactiques réalisés au cours de ce mois d’août (notamment Soledar dans le Nord Donbass et Peski au Nord de Donetsk), les forces russo-républicaines ont repris leurs pressions offensives par de nouvelles campagnes de bombardements sur les positions ukrainiennes ainsi que leurs bases logistiques arrière.
Si la même stratégie est maintenue, nous allons observer pendant plusieurs jours un écrasement massif continuel des forces de Kiev avant de nouveaux assauts en direction de Artemovsk (Nord Donbass),mais surtout Avdeevka, Marinka et Vougledar, pour n’évoquer que le secteur de Donetsk et qui est devenu prioritaire à cause de l’intensification des bombardements terroristes sur les populations civiles républicaines.
Ces bombardements tactiques alliés réalisés sur la ligne de front sont complétés par des bombardements stratégiques dans la profondeur du dispositif ukrainien, visant prioritairement les dépôts logistiques, les bases aériennes, les états-majors, les carrefours ferroviaires par où sont acheminés les renforts vers le front…
En conclusion
Après la pause opérationnelle actuelle qui semble se terminer, nous allons probablement entrer dans une troisième phase stratégique russe visant à finaliser les objectifs immédiats définis dans le Donbass avant les contraintes saisonnières (pluies et diminution des journées)
• Au Nord, briser la ligne de défense ukrainienne Seversk-Artemovsk pour pouvoir se engager l’encerclement du grand bastion ukrainien de Slaviask Kramatorsk,
• Devant Donetsk, desserrer l’étau ukrainien en repoussant les forces de Kiev au minimum jusqu’à Krasnoarmeïsk (40 km plus à l’Ouest).
Cependant, il n’est pas exclu que l’état-major russe décide également de relancer des offensives sur d’autres secteurs, comme par exemple Kharkov au Nord ou Nikolaïev au Sud.
Ce qui est certain, c’est qu’à l’automne le conflit russo-ukrainien, pour répondre à l’entêtement des occidentaux de vouloir prolonger le sacrifice de l’Ukraine sur l’autel de leur russophobie hégémonique, risque fort de rentrer dans une nouvelle dynamique offensive avec une augmentation des objectifs russes et de la destruction d’une Ukraine complétement asservie depuis 2014 et suicidaire depuis cette année.
Par Erwan Castel.
Source : Alawata rebellion