Des dizaines de personnes dont des enfants ont péri à Johannesburg, pris au piège dans un immeuble ravagé par un violent incendie dans la nuit de mercredi à jeudi, le dernier bilan des autorités faisant état de 73 morts.
Le président Cyril Ramaphosa a déploré jeudi une « immense tragédie » avec ce sinistre qui se classe parmi les incendies d’immeubles les plus meurtriers au monde au cours des vingt dernières années. Le nombre de victimes, qui a rapidement progressé au cours de la journée et pourrait encore s’aggraver, est déjà équivalent à celui de la Grenfell Tower (72 morts) en juin 2017 à Londres.
« Il y a désormais 73 morts et 52 blessés », a déclaré sur place le porte-parole des services de secours de la Ville, Robert Mulaudzi. Au moins sept enfants, dont l’un âgé de moins de 2 ans, étaient déjà comptabilisés dans le précédent bilan faisant état de 64 morts.
L’origine de l’incendie survenu dans le bâtiment délabré de quatre étages, occupé illégalement, n’a pas encore été établie. Un responsable de la ville, Mgcini Tshwaku, a évoqué l’éclairage à la bougie comme une possible cause.
Opulent quartier d’affaires au temps de l’apartheid, le centre-ville aujourd’hui délaissé de la capitale économique sud-africaine regorge d’immeubles abandonnés, exploités par des marchands de sommeil et souvent déconnectés du réseau électrique.
« Nous avons couru pour essayer de trouver une sortie de secours », a dit à l’AFP Kenny Bupe. Le jeune homme de 28 ans raconte avoir dû forcer une grille, fermée à clef, pour échapper aux flammes. « D’autres avaient déjà sauté par les fenêtres parce qu’ils savaient que la porte était verrouillée ».
Situé dans un quartier rongé par l’insécurité dans une Afrique du Sud au taux de criminalité parmi les plus élevés de la planète, l’immeuble à la façade désormais noircie par la fumée était équipé de plusieurs grilles de sécurité.
A chaque étage, des portes à barreaux fermées chaque soir à double tour pour éviter l’entrée d’intrus ont empêché les habitants affolés d’échapper aux flammes, selon des témoignages. Quand l’incendie s’est déclaré au milieu de la nuit, la panique a envahi les couloirs et au petit matin, des corps ont été retrouvés entassés derrière une grille verrouillée.
Nobuhle Zwane s’en est sorti, de justesse: « Nous avons eu beaucoup de mal à sortir », dit-elle à l’AFP, ses enfants de 2 et 13 ans à ses côtés. Elle décrit des gens courant dans tous les sens.
A l’extérieur, des draps et des couvertures sont restées jeudi suspendus aux fenêtres. Les occupants de l’immeuble ont utilisé ce qu’ils avaient sous la main pour tenter de s’échapper.
Des témoins ont dit aux journalistes avoir vu des bébés jetés par les fenêtres, dans des tentatives désespérées de les sauver des flammes.
« Il y avait des corps partout sur le sol » après l’incendie, a décrit Noma Mahlalela, 41 ans, femme de ménage.
Un journaliste de l’AFP a assisté dans la matinée à l’extraction de corps calcinés de l’immeuble. Les secouristes les ont allongés dans la rue avant de les couvrir d’un drap ou d’une couverture. La police a bouclé le quartier. Ambulances et camions de pompiers sont encore sur place.
L’incendie, le plus grave jamais recensé en Afrique du sud, est maîtrisé mais les recherches se poursuivent avec des fouilles étage par étage.
Les blessés, dont beaucoup ont été intoxiqués par la fumée, ont été hospitalisés.
Selon plusieurs témoignages, de nombreux « étrangers » occupaient l’immeuble. Économie la plus industrialisée du continent, l’Afrique du Sud attire des millions de migrants, dont beaucoup sans papiers, en provenance d’autres pays africains.
En décembre dernier, l’explosion d’un camion-citerne près de Johannesburg avait tué 34 personnes, tandis qu’en juin, des flammes ont ravagé un immeuble délabré et tué deux enfants de moins de 10 ans enfermés dans un appartement.
Source: Avec AFP