Après des heures de réunions publiques qui ont vu les tensions entre chrétiens et musulmans exposées au grand jour, la décision est tombée cette semaine: les musulmans de Bayonne, dans le New Jersey, n’auront pas le lieu de prières dont ils rêvaient.
La dispute dans cette ville résidentielle à 30 kilomètres de New York, forte de dizaines d’églises et d’une petite minorité musulmane, aura duré des mois, reflétant le climat de plus en plus hostile envers les musulmans aux Etats-Unis.
Très suivies, une série de réunions devant la commission d’urbanisme locale pour autoriser ou pas la conversion d’un entrepôt abandonné en lieu de prières au coeur de cette ville de 65.000 habitants auront souvent été électriques, teintées de colère et d’insultes.
Témoin des tensions, l’ouverture des débats de la dernière réunion lundi soir, juste après que l’administration Trump a promulgué un nouveau décret limitant l’entrée aux Etats-Unis des citoyens de six pays musulmans, aura été l’occasion d’une étonnante scène de prières rivales: tandis qu’une douzaine de musulmans priaient en silence, debout tête baissée, d’un côté de l’auditorium du lycée, un petit groupe de chrétiens récitaient haut et fort le Notre Père, assis sur leur chaise.
Et lorsque les habitants se sont succédé au micro pour poser des questions ou prendre position, les réponses étaient souvent chahutées ou interrompues.
La mosquée, qui devait remplacer un sous-sol converti en lieu de prière dont le bail a expiré, « ne convient tout simplement pas » pour Bayonne, répétaient inlassablement ses détracteurs.
« Combien d’enfants sont morts au nom de cette soi-disant religion ? », s’est même interrogée une femme.
Les défenseurs de la mosquée accusaient leurs opposants de discrimination anti-musulmans.
Hussein Eid, un étudiant de 24 ans venu défendre la mosquée, s’est dit « incroyablement choqué » par certains des arguments utilisés contre le projet.
« C’est le genre de positions qu’on prend contre quelqu’un qui est votre ennemi, quelqu’un dont vous voudriez qu’il ne soit pas là. C’est insultant », a-t-il lancé au micro.
« Ils refusent de considérer la population dans sa globalité », a indiqué à l’AFP après la réunion Fahima Andersen, consultante de 59 ans, qui espérait que son fils de 10 ans puisse se rendre facilement à la mosquée sans avoir à quitter la ville.
« C’est vraiment triste pour moi car nous avons acheté une maison ici, on voulait vraiment s’ancrer ici », a-t-elle ajouté.
John Reynolds, 86 ans, qui habite tout près du site proposé, n’a lui pas caché sa joie devant le refus du projet.
« On raconte tant d’histoires sur la cruauté de ces gens, qui tranchent des têtes et d’autres choses, je n’ai pas besoin de ça », a-t-il dit en allusion aux pratiques daeshistes, tout en se félicitant du nouveau décret migratoire signé par Donald Trump.
Avec AFP