Le ministre des Affaires étrangères intérimaire du gouvernement de facto de la Syrie, Asaad Hassan al-Shibani, a annoncé le 3 janvier que l’Arabie saoudite est disposée à “participer à la renaissance de la Syrie et à soutenir son unité et son intégrité territoriale”.
Le cofondateur de l’ex-branche d’Al-Qaïda en Syrie (front al-Nosra) a déclaré avoir transmis aux responsables saoudiens “l’idéal national de Hayat Tahrir al-Sham (HTS), qui consiste à mettre en place un gouvernement fondé sur le partenariat et l’efficacité, incluant toutes les composantes syriennes”.
Shibani et le ministre intérimaire de la Défense de la Syrie, Murhaf Abu Qasra, commandant de longue date de l’aile militaire de HTS, ont rencontré le ministre saoudien de la Défense, le prince Khaled ben Salman, à Riyad jeudi.
À la suite de cette visite, l’agence de presse saoudienne (SPA) a cité le ministre des Affaires étrangères, le prince Faisal Ben Farhan, qui a déclaré que le royaume est déterminé à défendre “la souveraineté, l’indépendance et l’intégrité territoriale de la Syrie” tout en insistant sur les mesures visant à “instaurer la sécurité, la stabilité et la prospérité pour le peuple syrien”.
Les pays du Golfe et les pays occidentaux se sont empressés de rétablir les liens avec la Syrie dans le sillage du coup d’État dirigé par HTS qui a fait tomber le gouvernement de Bachar el-Assad et a consacré l’arrivée au pouvoir d’Ahmad al-Sharaa – anciennement connu sous le nom d’Abou Mohammad al-Joulani.
“Notre visite à Damas se veut un signal de l’Union européenne sur la possibilité d’amorcer un nouveau lien politique avec la Syrie […]. Les Syriens peuvent reprendre en main le destin de leur pays après la fin du douloureux chapitre de la gouvernance d’Assad”, a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock, à l’issue de son entrevue avec M. Sharaa.
Ce remue-ménage diplomatique survient alors que la violence confessionnelle fait rage dans le pays nouvellement “libéré”. Depuis la chute de Damas, les extrémistes alliés à HTS se sont livrés à des attaques et des exécutions ciblant les alaouites, ainsi qu’à des actes de vandalisme sur les lieux saints, notamment les églises et les cimetières chrétiens.
Les fonctionnaires nommés par HTS ont également engagé des réformes radicales du programme national, auparavant laïc, apportant des modifications significatives aux enseignements religieux et historiques, supprimant notamment des événements clé de l’histoire syrienne, et effaçant le contenu relatif au lien historique entre la Syrie et les civilisations et empires polythéistes.
Des pans entiers de l’histoire syrienne vont aussi être occultés, notamment la période comprise entre la fin de l’Empire ottoman et l’élection de Shukri Quwaitli à la présidence en 1943. L’expression “Guerre de libération de 1973”, qui fait référence à la guerre israélo-arabe de 1973, sera remplacée par “La guerre de 1973”.
L’expression “ceux qui ont encouru la colère” sera remplacée par “ceux qui se sont écartés du chemin du bien”, en spécifiant que ce sont les chrétiens et les juifs.
Sources: Spirit Of Free Speech; The Cradle.