Les Emirats arabes unis ont placé en détention le poète égyptien Abdel Rahmane al-Qaradaoui, fils du défunt leader spirituel des Frères musulmans, après son extradition depuis le Liban, a rapporté, ce vendredi 10 janvier, l’agence officielle WAM.
« Les Emirats arabes unis ont placé en détention Abdel Rahmane al-Qaradaoui, remis par les autorités libanaises » pour avoir « mené des activités visant à troubler et saper la sécurité publique », a écrit la WAM dans un communiqué.
Le gouvernement libanais avait annoncé mardi son intention d’extrader M. Qaradaoui.
Mercredi, l’organisation de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW) a averti du risque « quasiment certain » de « procès inéquitable » et de « torture » auxquels M. Qaradoui pourrait être confronté aux Emirats.
Qaradaoui avait été arrêté fin décembre au Liban, où il était entré depuis la Syrie, selon un responsable judiciaire libanais qui avait précisé qu’il faisait l’objet d’un « mandat d’arrêt » des Emirats et de l’Egypte.
Selon une source judiciaire, la demande des Emirats est intervenue après la diffusion d’une vidéo postée sur les réseaux sociaux dans laquelle M. Qaradaoui se filme à la mosquée des Omeyyades à Damas et se réjouit de la chute de Bachar al-Assad, le 8 décembre.
Il y met en garde le peuple syrien et ses nouveaux dirigeants contre « les régimes malveillants » des « Emirats, d’Arabie saoudite et d’Egypte ».
Toujours selon la source judiciaire, les autorités émiraties considèrent notamment ces propos comme une tentative de « déstabilisation » du pays du Golfe.
« Extrader arbitrairement un poète vers les Emirats pour de simples critiques sur les réseaux sociaux mine gravement l’Etat de droit au Liban » et « envoie le message que les autorités libanaises toléreront toutes sortes d’abus pour se plier aux puissants pays du Golfe », a déclaré mercredi Ramzi Kaiss, chercheur pour HRW au Liban.
Qaradaoui a été condamné par contumace à cinq ans de prison en Egypte pour « incitation au terrorisme et opposition à l’Etat », selon cette même source.
Mobilisé lors du Printemps arabe et des manifestations en 2011 ayant entraîné la chute du président Hosni Moubarak en Egypte, Abdel Rahmane al-Qaradaoui est aussi un virulent critique du chef de l’Etat actuel, Abdel Fattah al-Sissi.