Dans une émission spéciale intitulée « Sayed », le nom par lequel l’ex-secrétaire général du Hezbollah le Maitre des Martyrs de la Oumma Sayed Hassan Nasrallah était désigné par ses partisans, ses sympathisants ou ses combattants, notre chaine Al-Manar a consacré la soirée de vendredi à une interview exclusive avec son fils aîné, Jawad. Elle a aussi diffusé des entretiens enregistrés avec sa fille Zeinab et trois de ses petits-fils.
Les entretiens ont porté sur la personnalité de sayed Hassan Nasrallah en tant que père, époux et grand-père. Tous s’entendent pour assurer que malgré ses absences, dans le peu de rencontres qu’ils ont eues avec lui, il leur apportait le plus d’amour et d’attention.
« Son caractère combinait à la fois une affection et une tendresse sans bornes et une force et une détermination extrêmes », le décrit Jawad qui l’a le plus côtoyé car il pouvait le suivre dans ses déplacements.
Il indique qu’il était soumis dans sa vie à des mesures de sécurité draconiennes de la part de son équipe sécuritaire ce qui limitait beaucoup ses mouvements et ses déplacements, voire même ses rencontres familiales. Mais en dépit de cela, il ne ratait aucune occasion pour rester en contact avec tous les membres de la famille, y compris les plus jeunes, en les appelant par téléphone.
« Nous avions même l’habitude de passer du temps avec lui et notre mère », a ajouté Sayyed Jawad.
Selon lui, sayed Nasrallah n’a pas passé sa vie dans les abris souterrains. Il visitait parfois le Sud-Liban, Tyr, Nabatiyeh, Iqlim Al-Touffah, jusqu’à Jizzine. Il se rendait à la Bekaa. Mais il déménageait souvent ses lieux de résidence.
Ci-dessous, les images de l’endroit où il prononçait ses discours, dans les nuits de l’Achoura de l’imam Hussein (S).
Les petits-fils de Sayyed Nasrallah, Hadi, Hasan et Rabih, ont assuré qu’en raison des mesures sécuritaires strictes auxquelles leur grand-père était soumis, leurs rencontres étaient très limitées, mais il gardait des contacts avec eux et se dédiait entièrement à eux pendant leurs rencontres.
« Lorsqu’on allait le voir, il nous attendait à la porte de l’appartement, et nous faisait entrer un à un », se souvient Rabie. « On rivalisait entre nous pour avoir la plus grosse part des discussions avec lui, pour s’assoir le plus près de lui, c’était toujours les filles qu’il faisait assoir à côté de lui », poursuit-il.
Hassan assure que la dernière rencontre avec lui avait eu lieu pendant le mois de Ramadan de l’an dernier autour de l’iftar familial qui était un rendez-vous annuel qu’il ne sacrifiait pour rien au monde.
« Il nous demandait de nos nouvelles, de notre performance scolaire, des choses que nous faisons, de notre relation avec Allah. Il me conseillait de faire la prière dans la mosquée et insistait sur la prière d’al-Fajr », raconte Mohamad Hadi.
Même sa fille unique, Zeinab Nasrallah se souvient que de son enfance il était souvent absent, car il était entièrement occupé, même avant sa désignation au secrétariat général du Hezbollah. Elle se rappelle néanmois qu’il lui consacrait des moments et des sorties ensemble à elle seule. Jawad rappelle que certaines de ses sorties étaient réalisées avec son épouse, Oum Hadi.
« Il était très tendre et transparent. Il aimait beaucoup les rencontres familiales, il palliait à ses absences par les appels téléphoniques pendant lesquels il s’enquérait de tous les détails »
Elle raconte qu’il vouait une grande estime pour les familles des martyrs de la résistance lesquelles ne manquaient jamais l’occasion de lui envoyer leurs messages quand elles la rencontraient. « Quand je lui disais que la famille d’un tel martyr te salue et te dis de ne pas te soucier, il avalait sa salive. Il avait beaucoup de considération pour les grands sacrifices qu’ils ont consentis en donnant leurs fils. Il compatissait avec eux parce que lui aussi était le père d’un martyr ». Hadi, le fils aîné de son éminence s’était élevé en martyr en 1997 dans une opération de résistance contre l’occupation israélienne au sud du Liban.
Selon Zeinab, sayed Nasrallah vouait aussi une grande estime pour les combattants de la résistance, surtout les blessés et mutilés d’entre eux qu’il évoquait le plus souvent dans ses discours sur la personnalité du frère de l’imam Hussein, Abou al-Fadl al-Abbas. « Il a été très éprouvé lors de l’explosion des bipeurs. Ma mère m’a dit qu’il a pleuré ce jour-là ». Le 17 et 18 septembre, les bipeurs et les talkies walkies en possession de membres du Hezbollah ont explosé à l’improviste, causant le martyre de près de 50 personnes dont des enfants et des femmes, et des milliers de blessés. Le Premier ministre israélien a revendiqué ultérieurement la responsabilité israélienne dans ces attentats qui ont soulevé une condamnation internationale.
Zeinab a révélé que la dernière rencontre avec son père avait eu lieu près de 14 mois avant son martyre. Elle rapporte avoir insisté pour aller voir sa dépouille après son martyre, elle se souviendra toujours de son visage : « Il avait un visage calme, serein et paisible. Comme s’il dormait ».
Même constat de la part de Jawad qui assure qu’il n’y avait aucune blessure sur son corps. Il raconte que lorsque la dépouille de son éminence avait été dégagée de sa tombe temporaire, deux jours avant la cérémonie des funérailles du 23 février, elle était intacte, sachant qu’il avait été enterré depuis 5 mois.
« Jusqu’à son dernier souffle, il s’est battu pour la justice. Il est devenu un martyr parce qu’il a dit « non » aux tyrans de nos temps », a conclu Jawad Nasrallah.
Source: Al-Manar