Donald Trump a lancé mercredi un « dernier avertissement » au Hamas, l’enjoignant de libérer les otages, sans quoi le « peuple de Gaza » risque « la mort », le jour même où Washington a confirmé avoir eu des contacts directs avec le mouvement islamiste palestinien.
« Au peuple de Gaza: un bel avenir vous attend, mais pas si vous gardez des otages. Si vous le faites, vous êtes MORTS! Prenez une BONNE décision », a menacé le président américain dans un message sur son réseau Truth Social.
Il a encore dit envoyer « à Israël tout ce dont il a besoin pour finir le travail » à Gaza, soulignant qu' »aucun membre du Hamas ne sera en sécurité si vous ne faites pas ce que je dis », à l’heure où la trêve dans la bande de Gaza semble menacée.
« C’est maintenant qu’il faut quitter Gaza, tant que vous pouvez encore le faire », a-t-il ajouté à l’adresse des chefs du Hamas.
En réaction, le chef du bureau médiatique du gouvernement dans la bande de Gaza, Salama Maarouf, a affirmé : « Ce n’est pas nous qui sommes le problème, mais l’occupation. »
« Ce sont ces positions qui donnent au criminel de guerre Netanyahu la force et la capacité de poursuivre ses crimes tant qu’il bénéficie d’un soutien et d’un encouragement absolus pour commettre davantage de crimes contre 2,4 millions de personnes », a déclaré Maarouf sur la plateforme X quelques minutes après la publication de la menace de Trump.
Maarouf a ajouté : « Notre peuple et sa résistance à Gaza n’ont jamais été le problème. Au contraire, le problème est toujours survenu de l’occupation, et ce qui se passe aujourd’hui en Cisjordanie et à Al-Qods en est la meilleure preuve. »
Such positions are what give the war criminal Netanyahu the strength and ability to continue his crimes as long as he receives absolute support and encouragement to commit more crimes against 2.4 million people.
Our people or their resistance in #Gaza have never been the… pic.twitter.com/frn903gCoF
— سلامة معروف غزة Salama Maroof Gaza (@salama1977) March 5, 2025
Pour sa part, le porte-parole du Hamas, Hazem Qassem, a affirmé que les menaces de Trump « compliquent les choses concernant l’accord de cessez-le-feu et encouragent le gouvernement israélien à ne pas en appliquer les termes ».
Dans une interview accordée à l’agence de presse turque Anadolu, Qassem a rappelé qu' »il y a un accord qui a été signé et les États-Unis ont été son médiateur ».
« Le Hamas a mis en œuvre ce qui lui était demandé dans la première phase, tandis qu’Israël a éludé la deuxième phase », a-t-il ajouté.
Et de renchérir: « L’administration américaine est tenue de faire pression sur ‘Israël’ pour qu’il entame des négociations sur la deuxième phase comme le stipule l’accord de cessez-le-feu ».
Dans une déclaration distincte, un autre porte-parole du Hamas, Abdel Latif al-Kanoa, a affirmé: « Les menaces répétées de Trump contre notre peuple constituent un soutien à Netanyahu pour contourner l’accord et renforcer le siège ».
Selon lui, la meilleure façon de libérer les otages restants serait qu’Israël entame des négociations sur la deuxième phase et respecte l’accord signé sous l’égide des médiateurs.
De son côté, le Mouvement des moudjahidines palestiniens, l’une des factions de la Résistance à Gaza, a critiqué les dernières menaces du président US, estimant qu’elles démontrent « le renoncement des USA à l’accord qu’ils ont parrainé ».
Le mouvement a déclaré dans un communiqué que « les menaces démontrent également l’insistance de l’administration américaine à agir en tant que partenaire dans les crimes de génocide contre notre peuple ».
Rappelons que Trump n’a pas mentionné dans ses menaces l’accord du cessez-le-feu, qui comprend 3 étapes. Lors de la première étape, le Hamas a libéré 33 captifs israéliens contre des centaines de prisonniers palestiniens.
Ce n’est pas la première fois que Trump menace le Hamas de l’enfer, alors que le mouvement affirme son engagement à mettre en œuvre l’accord, et exige le respect d’Israël de toutes ses dispositions, appelant les médiateurs à entamer des négociations immédiates pour la deuxième phase, qui comprend un retrait israélien de la bande de Gaza et un arrêt complet de la guerre.
Cependant, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu, jouissant d’un feu vert américain, veut prolonger la première phase de l’accord, entré en vigueur le 19 janvier, pour libérer le plus grand nombre possible de captifs israéliens à Gaza, sans rien offrir en échange.
Il convient de noter qu’avec la fin de la première phase de l’accord de cessez-le-feu, ‘Israël’ a de nouveau fermé tous les points de passage menant à Gaza, pour empêcher l’entrée de l’aide humanitaire, dans une démarche visant à utiliser la famine comme un outil de pression sur le Hamas pour le forcer à accepter ses diktats.
‘Israël’ menace également d’autres mesures d’escalade, y compris la coupure de l’eau et de l’électricité, jusqu’à la reprise de la guerre génocidaire.
Négociations US avec le Hamas
Par ailleurs, les menaces du président américain surviennent le jour où les Etats-Unis, ainsi que le Hamas, ont confirmé avoir eu des contacts directs.
Ces consultations, sans précédent, rompent avec une politique de longue date qui veut que les Etats-Unis n’aient pas de pourparlers directs avec des groupes de résistance qu’ils considèrent comme ‘terroristes’, ce qui est le cas du Hamas depuis 1997.
La porte-parole de la Maison Blanche, Karoline Leavitt, a confirmé que l’envoyé spécial américain pour les otages américano-israéliens, Adam Boehler, était « engagé dans ces négociations, (et) a l’autorité de parler à n’importe qui ».
Elle s’est refusée à livrer des détails, arguant que « des vies américaines étaient en jeu », mais a indiqué qu’Israël avait été « consulté », ce qu’a ensuite confirmé le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Pour sa part, un responsable du Hamas a évoqué à l’AFP, sous le sceau de l’anonymat, « deux rencontres directes entre le Hamas et des responsables américains ces derniers jours à Doha ».
Un autre dirigeant du Hamas a confirmé, mercredi soir, à la télévision libanaise Al-Mayadeen qu’une réunion avait eu lieu entre le Hamas et des responsables américains, révélant qu’elle « a eu lieu à la demande des Américains, et les Israéliens en ont été surpris ».
Le dirigeant palestiniens a souligné que l’envoyé américain « a seulement parlé de l’échange de prisonniers, et n’a pas abordé les questions liées au cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à la fin de la guerre ».
Et d’ajouter: « la partie américaine n’a pas présenté de formule spécifique pour l’échange de prisonniers, mais a écouté le point de vue du Hamas ».