La dernière proposition soumise par l’envoyé américain Thomas Barrack au Liban a été distribuée, le mardi 5 août, aux ministres réunis au palais présidentiel sous la houlette du chef d’Etat, Joseph Aoun.
Le conseil des ministre a commencé à examiner et à appliquer cette proposition US, en chargeant l’armée libanaise d’élaborer un plan du monopole des armes par l’État avant la fin de l’année et de le présenter au gouvernement avant la fin du mois.
La proposition sera examinée plus en détail lors de la prochaine session gouvernementale prévue jeudi prochain, en vue de son approbation.
Voici une version non officielle du mémorandum :
Le mémorandum, intitulé « Proposition de prolongation et de stabilisation de la cessation des hostilités entre le Liban et Israël, publiée en novembre 2024, afin de promouvoir une solution permanente et globale », inclut une priorisation basée sur les exigences israéliennes :
- Le Liban appliquera l’Accord de Taëf, la Constitution libanaise et les résolutions du Conseil de sécurité, notamment la résolution 1701, et prendra les mesures nécessaires pour étendre pleinement sa souveraineté sur l’ensemble du territoire libanais, afin de renforcer le rôle des institutions légitimes, de consolider l’autorité exclusive de l’État en matière de décisions de guerre et de paix, et de garantir que la possession d’armes reste exclusivement entre les mains de l’État sur l’ensemble du territoire libanais.
- Garantir la pérennité de la cessation des hostilités, y compris toutes les violations terrestres, aériennes et maritimes, par des mesures concertées menant à une solution garantie, permanente et globale.
- Éliminer progressivement la présence armée de tous les acteurs non étatiques, y compris le Hezbollah, sur tout le territoire libanais, y compris au sud et au nord du fleuve Litani, avec le soutien approprié de l’armée libanaise et des Forces de sécurité intérieure.
- Déploiement des forces de l’armée libanaise dans les zones frontalières et les zones intérieures clés, avec le soutien approprié de l’armée libanaise et des Forces de sécurité intérieure.
- Retrait israélien des cinq points et résolution diplomatique des questions frontalières et des prisonniers par des négociations indirectes.
- Retour des habitants des villages et villes frontaliers dans leurs foyers et propriétés.
- Garantir le retrait israélien du territoire libanais et la cessation de toutes les actions hostiles, y compris les violations terrestres, aériennes et maritimes.
- Démarcation permanente et claire de la frontière internationale entre le Liban et ‘Israël’.
- Démarcation permanente de la frontière entre le Liban et la Syrie.
- Organisation d’une conférence économique avec la participation des États-Unis, de la France, de l’Arabie saoudite, du Qatar et d’autres pays amis du Liban afin de soutenir l’économie et la reconstruction du Liban.
- Soutien international aux services de sécurité libanais, en particulier à l’armée libanaise, par des moyens militaires appropriés pour mettre en œuvre les dispositions de la proposition visant à assurer la protection du Liban.
La proposition US prévoit une première phase, « de 0 à 15 jours », qui comprend :
– L’approbation par le Conseil des ministres des objectifs du présent mémorandum et son approbation par décret, conformément aux mécanismes constitutionnels, y compris l’engagement de désarmer complètement le Hezbollah et les autres acteurs non étatiques d’ici le 31 décembre 2025.
Ces engagements se traduiront notamment par une coopération renforcée avec le Fonds monétaire international, des contributions accrues à la reconstruction et la mise en place d’incitations à l’investissement pour soutenir l’économie libanaise, les pays amis du Liban s’engageant à fournir assistance et soutien.
– L’arrêt des opérations militaires terrestres, aériennes et navales israéliennes.
– Interrompre la circulation des armes du Hezbollah et l’accès aux infrastructures militaires, aux équipements militaires, aux sites opérationnels et aux caches d’armes, en surface et en sous-sol, dans tout le pays.
– Les États-Unis et la France insisteront auprès d’Israël pour qu’il s’engage à mettre pleinement en œuvre ce mémorandum.
– Reprise des réunions bimestrielles à cinq du Mécanisme, qui s’emploieront à déployer des solutions de renseignement et de surveillance et à fournir aux Forces armées libanaises toutes les informations disponibles.
– Soumission au Mécanisme de rapports initiaux sur les sites militaires par Tsahal et les Forces armées libanaises.
– Les Forces armées libanaises établiront une quinzaine de postes frontières initiaux au sud du Litani, selon une carte de déploiement établie par le commandement de l’armée libanaise.
– La partie libanaise sera informée du nombre, des noms et de la situation des prisonniers libanais en ‘Israël’ par l’intermédiaire du Comité international de la Croix-Rouge, afin d’obtenir leur libération.
– Engager des négociations, parrainées par les États-Unis, la France et les Nations Unies, pour résoudre les zones et points litigieux et délimiter la frontière entre le Liban et ‘Israël’.
Le président Joseph Aoun et le président du Parlement, Nabih Berri, doivent dialoguer avec toutes les factions politiques libanaises, y compris la direction du Hezbollah, afin de garantir la capacité du Liban à s’engager formellement à appliquer les objectifs de ce mémorandum, le plan de désarmement et le calendrier, tout en mettant l’accent sur la mise en œuvre immédiate du transfert progressif des armes lourdes, telles que les missiles et les drones, aux forces armées libanaises depuis le sud et le nord du Litani, conformément à la Déclaration de novembre 2024.
Deuxième phase (15 à 60 jours)
Au cours de la deuxième phase (15 à 60 jours), le gouvernement libanais commencera à mettre en œuvre le plan de désarmement, en conjonction avec une déclaration d’intention des pays amis et solidaires d’organiser une conférence économique à l’automne 2025 pour soutenir l’économie et la reconstruction du Liban.
Cette conférence comprendra également des engagements visant à fournir le soutien nécessaire à l’augmentation des salaires mensuels de tous les membres des services de sécurité libanais et à l’élaboration d’un plan de déploiement de l’armée libanaise afin de placer toutes les armes sous le contrôle de l’État, avec l’assistance technique militaire américaine et les contributions du mécanisme, le cas échéant.
Le plan identifie des phases géographiques en dehors de la zone du Sud Litani (par exemple, la Phase 1 jusqu’au fleuve Awali, la Phase 2 le Grand Beyrouth, la Phase 3 la Bekaa), le déploiement des forces des Forces armées libanaises (par exemple, 1 500 dans la Phase 1, augmentant à 4 500 d’ici la Phase 3), les emplacements des points de contrôle (par exemple, 10 à Nabatieh et Baalbek-Hermel) et les objectifs de désarmement (a) tels que les mortiers, les lance-roquettes, les grenades, les explosifs et les engins incendiaires (air-sol et sol-sol), les armes qui causent des pertes massives, les armes chimiques et biologiques et les drones (à démanteler dans tout le pays dans les 30 jours).
Le Mécanisme surveille le déploiement des Forces armées libanaises (FAL) et les plans de désarmement du Hezbollah, supervise les rapports hebdomadaires de conformité, ainsi que les activités de renseignement, de surveillance et de reconnaissance et les patrouilles des Forces armées libanaises afin de vérifier le démantèlement des infrastructures militaires du Hezbollah et le transfert des armes lourdes à l’armée (par exemple, le démantèlement de 50 % des infrastructures d’ici le 30e jour et le fonctionnement des points de contrôle des FAL).
Au cours de cette phase, ‘Israël’ entamera son retrait de trois points : les Forces armées libanaises se déploieront sur les points libérés et les civils regagneront leurs villages et leurs propriétés. Les États-Unis, la France et les Nations Unies faciliteront la démarcation de la frontière dans la zone des fermes de Chebaa, l’objectif étant d’achever la démarcation lors de la quatrième phase et de libérer les prisonniers libanais détenus par ‘Israël’.
Troisième phase (60 à 90 jours)
Au cours de la troisième phase (60 à 90 jours), le retrait total de la présence armée du Hezbollah de la zone située au sud du fleuve Litani sera confirmé, y compris de toutes les installations non dévoilées impliquées dans la production d’armes et de matériel connexe, des infrastructures, des sites militaires et des armes lourdes non dévoilées.
‘Israël’ se retirera des deux derniers des cinq points, l’armée libanaise se déployant aux points libérés et les civils retournant dans leurs villages et leurs propriétés.
L’armée libanaise étendra sa présence à 33 positions frontalières et 15 points de contrôle supplémentaires dans les régions du nord, telles que la vallée de la Bekaa et l’axe Hermel-Qusayr.
Quatrième phase (90 à 120 jours)
La quatrième phase (90 à 120 jours) comprend le démantèlement total de toutes les armes lourdes, mortiers, lance-roquettes, grenades, missiles air-sol et sol-sol, explosifs, engins incendiaires, armes causant des pertes massives, drones et infrastructures militaires restantes, telles que les postes d’observation, les tunnels et les dépôts de missiles, pour le Hezbollah et tous les acteurs non étatiques sur l’ensemble du territoire libanais, tel que vérifié par le mécanisme.
Cela comprend la confirmation du retrait des ‘Forces de défense israéliennes’ de tout le territoire libanais et la prise en charge par les forces de sécurité libanaises du contrôle total de la sécurité sur l’ensemble du territoire, au sud et au nord du Litani.
Les « conséquences d’une violation » pour ‘Israël’ comprennent « une réprimande du Conseil de sécurité de l’ONU et un réexamen du désengagement militaire ».
Pour le Liban, cela comprend « un gel de l’aide militaire conditionnelle et des sanctions économiques ».