9.889 Syriens ont été tués depuis le chute de l’ancien régime de Bachar al-Assad, a rapporté l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH).
Selon cette ONG opposée à l’ancien régime et siégeant au Royaume-Uni, 7449 tués sont des civils, dont 396 enfants et 541 femmes.
Parmi eux, recense l’OSDH, 2.535 personnes ont été liquidées « d’une manière sauvage » pendant ces 8 mois, entre le 8 janvier et le 6 août. La plupart d’entre eux le mois de mars dernier lors de l’attaque contre la communauté alaouite sur le littoral, où 1.726 exécutions ont été dénombrées.
Alors que dans le gouvernorat de Soueïda où des affrontements ont lieu depuis le mois de juillet dernier, 300 civils ont été exécutés. Dans cette province du sud à majorité druze, l’OSDH a recensé 1.733 victimes dont 1255 civils.
L’ONG a déploré le manquement du régime actuel à demander des comptes aux auteurs de ces crimes.
« Au contraire, les auteurs sont dissimulés et, dans certains cas, les faits sont déformés. Par exemple, la commission d’enquête formée pour enquêter sur les massacres du littoral n’a pas donné de résultats conformes aux faits, tandis que d’autres massacres étaient commis dans des zones comme Soueïda », fait-elle remarquer.
L’OSDH a aussi fait état que « cette situation est accompagnée par des campagnes médiatiques organisées par des groupes pro-gouvernementaux visant à discréditer toute entité documentant ou dénonçant les violations. ».
Elle a déploré « la diffusion d’un discours sectaire et incendiaire associant tendancieusement les sectes à des positions politiques spécifiques, notamment en accusant les Alaouites d’être « les vestiges du régime », les Druzes de « collaborateurs » et les Kurdes de « séparatistes ». Ce qui aggrave les divisions et entrave le processus de justice transitionnelle. »
Selon l’OSDH, cette campagne vise aussi « des militants, des défenseurs des droits humains et des plateformes médiatiques indépendantes ». Ils sont victimes « de campagnes de diffamation coordonnées menées par des trolls électroniques pour attaquer quiconque dénonce ces violations ou appelle à la responsabilité des personnes impliquées, dans le but de diaboliser le discours sur les droits humains et de faire taire les voix qui réclament la vérité et la justice. »
L’OSDH rapporte également que des milliers de détenus sont séquestrés dans les prisons du régime sans procès. « Certains ont été arrêtés après la chute de l’ancien régime, tandis que d’autres ont été détenus lors de raids ou à des points de contrôle de sécurité. Parmi eux figurent d’anciens officiers, des médecins et des civils. Nombre de ces personnes ne font l’objet d’aucune accusation claire et sont détenues arbitrairement sans procédure régulière, tandis que les auteurs de graves violations et de crimes de guerre contre les Syriens n’ont pas été traduits en justice. »
L’OSDH indique aussi que 50 personnes ont péri sous la torture dans les prisons du Commandement des opérations militaires, une coalition de groupes jihadistes takfiris affiliés au ministère de la Défense syrien. Il est directement responsable selon elle de la mort de 866 Syriens tandis que 1010 de ses membres ont trouvé la mort ainsi que 630 éléments des autres factions islamistes.
Selon le journal al-Akhbar, dès son arrivée au pouvoir, le nouveau gouvernement, dirigé par le président de transition Ahmed al-Charaa, a annoncé une série d’engagements, notamment le passage d’une « mentalité révolutionnaire à une mentalité étatique », la reconstruction des institutions effondrées et la fin des divisions intestines par la mise en place d’un système militaire clairement défini, géré par le ministère de la Défense, et d’un système de sécurité géré par le ministère de l’Intérieur. Il s’est également engagé à renforcer le système judiciaire et à lui accorder l’indépendance nécessaire à son fonctionnement.
Si ces engagements semblaient constituer une base solide pour la construction d’un État institutionnel, les événements passés et présents sur le terrain les placent dans le champ d’un « discours médiatique » exclusivement dirigé vers l’Occident.
En réalité, le chaos sécuritaire perdure avec la montée sans précédent de forces extrémistes qui ont acquis un pouvoir considérable en Syrie, leur permettant d’élargir le champ des crimes fondés sur des motivations sectaires, outre les saisies de biens, les enlèvements de femmes et d’autres crimes dont les caractéristiques sont devenues évidentes.
Source: Divers