Les récentes déclarations pro-israéliennes de l’envoyé américain pour le Liban Thomas Barrack, concernant les « menaces » posées par la Résistance, et son appel à « couper la tête des serpents et leur financement », ainsi que ses accusations au gouvernement libanais de « négligence », ont renforcé la conviction, dans les milieux beyrouthins, sur « une couverture américaine permettant au Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu d’étendre sa guerre au Liban sous prétexte de son non-respect des termes de l’accord de cessez-le-feu ».
Des sources bien informées, citées par le quotidien libanais AlAkhbar ont rapporté que « les accusations de Barrack contre l’État libanais ouvrent la voie à une frappe israélienne inévitable », d’autant plus qu’elles concordent avec celles des responsables israéliens et avec les fuites parvenues au commandement de l’armée suite à la récente réunion du Comité du Mécanisme, à laquelle participait Morgan Ortagus, envoyé spécial adjoint du président américain pour le Moyen-Orient, suggérant un « insatisfaction américaine quant à la performance de l’armée ».
Les déclarations de l’envoyé américain ont suscité un choc général dans les milieux politiques, d’autant plus qu’elles contredisaient totalement l’impression que certains responsables partageaient quant à la position précédente de Barrack. Ce dernier avait indiqué qu’il privilégiait le dialogue à l’usage de la force contre le Hezbollah.
Selon certaines sources, il existe également une unanimité au sein des milieux politiques sur le fait que « les envoyés américains sont très éloignés de la diplomatie et, pour la première fois, les responsables libanais ont été témoins d’un tel niveau de mensonges et de non-respect des accords, comme ce fut le cas avec Barrack, qui s’était engagé auprès du président de l’Assemblée, Nabih Berri, à obtenir des concessions d’Israël progressivement, avant de revenir sur sa promesse. »
Les sources ont révélé « qu’un responsable de l’ONU a transmis de Tel-Aviv à Beyrouth, que les priorités d’Israël étaient concentrées actuellement sur Gaza, la Cisjordanie, la Syrie et le Yémen. Selon lui, Israël ne considérait pas la question libanaise comme urgente, ni n’envisageait d’opération militaire. Cela a donné aux autorités libanaises le sentiment d’avoir bénéficié d’un délai de grâce et d’avoir dépassé le stade du danger.
Or, les politiciens libanais ont ensuite été surpris par cette position américaine intransigeante, à la veille de la présentation par l’armée libanaise du rapport mensuel requis sur l’avancement de la mise en œuvre de la première phase du plan de désarmement de la Résistance ».
Il convient de noter que les déclarations de Barrack sont intervenues après une série de consultations au sein de l’équipe travaillant aux côtés du président américain Donald Trump.
Les contacts libanais avec Barrack ont rapporté qu’il était « soumis à une campagne de critiques virulentes de la part de parties américaines partageant le point de vue israélien, le tenant pour responsable de son manque de fermeté envers les autorités libanaises ».
Ces parties l’auraient accusé « d’encourager les responsables libanais aux tergiversations ».
Les mêmes sources, citées par AlAkhbar, ont rapporté que Barrack a confié à des personnalités rencontrées en marge des réunions de New York qu’il était « très préoccupé et craignait sérieusement le retour de la guerre israélienne au Liban, et qu’il avait été contraint de dire ce qu’il a dit dans sa dernière interview pour manifester la position officielle de son pays, et pour faire comprendre aux responsables libanais qu’Israël était sérieux dans son programme non seulement de désarmer le Hezbollah par la force, mais aussi de faire payer à l’État libanais le prix de n’avoir pas joué le rôle qui lui a était imposé ».