La chaine de télévision libanaise al-Mayadeen a rendu compte lundi soir d’un mouvement d’attroupement militaire de grande envergure qui a été observé dans les zones jordaniennes frontalières avec le sud de la Syrie.
Citant des sources sous le couvert de l’anonymat, la télévision indique que ce mouvement d’attroupement implique des forces jordaniennes, britanniques ainsi qu’américaines.
Ont été alignés dans cette zone des brigades de
chars britanniques lourds de type Challenger en compagnie de quelques 2.300 hommes armés, et un certain nombre d’hélicoptères de type Cobra et Black Huck.
En même temps, quelques 4.000 combattants qui avaient été formés en Jordanie se trouvent rassemblés dans la région d’al-Tanaf, frontalière entre la Syrie, l’Irak et la Jordanie.
L’expert britannique Charles Lister a publié sur son compte Twitter, Hammurabi’s Justice News, les photos de miliciens en compagnie de militaires américains dans ce passage, assurant qu’ils appartiennent au groupe Maghawir al-Thowra qui a été entrainé afin de combattre Daesh.
« Une base arrière de tirs de feu ont été aménagée pour les forces destinées à entrer depuis le désert jordanien. Une brigade d’artillerie lourde et de lance-missiles américains de type Hermas y a été aménagée. La couverture aérienne et le parachutage des forces commandos seront fournies par une escadrille aérienne américaine, stationnée dans la base jordanienne al-Azrak. Des avions hollandais et bahreinis seront chargés de couvrir l’infanterie », a indiqué la source d’al-Mayadeen.
Cette mobilisation militaire surplombe une zone syrienne particulièrement sensible, laquelle comprend les trois provinces syriennes Deraa, Quneitra et Souweïda. Les deux dernières étant limitrophes avec le Golan occupé par Israël.
Les Américains seront des cibles
Cette mobilisation est présentée du côté des experts jordaniens et américains comme incluse dans le cadre des manœuvres militaires effectuées en Jordanie et baptisées « Eager Lion ».
Ce qui n’est pas sans inquiéter les responsables syriens. Lundi, le ministre des Affaires étrangères Walid al-Mouallem avait averti la Jordanie de toute action militaire en Syrie sans coordination avec le gouvernement syrien, assurant qu’elle sera considérée comme étant « une acte hostile ». Il avait assuré que la prochaine destination de l’armée syrienne et de ses alliées est de reconquérir toutes les zones frontalières avec la Jordanie et l’Irak, en passant par le désert syrien connu sous le nom « badia ».
Selon Média de guerre, les forces syriennes se trouvent désormais à Sabea- al-Biar, c’est à dire à 110 km du passage frontalier d’al-Tanaf.
« Les exercices qui se déroulent actuellement sur la frontière jordano-syrienne sont suspects et pourraient servir de couverture à un projet d’invasion et d’occupation de territoires syriens sous prétexte de combattre Daesh qui n’a pas de présence effective dans cette zone », a déploré une source citée par Média de guerre, instance médiatique de la Résistance en Syrie.
Dans un texte, cette source assure que « la Syrie en tant que peuple et Etat ainsi que tous ses alliés n’acceptent aucune invasion quelque soit sa nature et son but ».
« Que les Américains et leurs alliés sachent qu’ils seront des cibles et paieront le prix cher le fait d’avoir violé le territoire syrien », a-t-il averti.
La Jordanie a joué un rôle prépondérant de soutien aux groupes rebelles et terroristes dans le sud syrien, grâce à la cellule d’opérations MOQ qui comprend des officiers américains, britanniques, jordaniens , saoudiens et peut-être israéliens.
Lundi, le porte-parole du gouvernement jordanien Mohammad Al-Moemeni avait rejeté l’accord d’Astana sur les zones de désescalade, et mis en garde que son pays était disposé à défendre ses frontières en cas de nécessité.
Le plan concocté pour la Syrie vise apparemment la conquête des zones allant depuis le Golan syrien, en passant par le désert syrien, connu sous le nom la Badia et jusq’à la frontière avec l’Irak
Et Idleb aussi, comme Chypres
En parallèle à ce plan, il est également question de l’extension des zones d’influence turque dans le nord syrien.
En plus des zones frontalières que les troupes turques ont conquises avec leurs collaborateurs syriens, il se pourrait qu’elles tentent de conquérir la province d’Idleb, dans laquelle sont retranchés des dizaines de milliers de miliciens et de terroristes takfiristes de toutes les factions à l’excepté de Daesh.
Idleb aurait dans ce cas un statut simiaire à celui de l’ile méditerranéenne de Chypres.
Si l’on ajoute ce qui se passe dans la province de Raqqa, où les Américains se sont impliqués au côté des forces kurdes, pour déloger Daesh, et assoir leur présence en Syrie, il est clair que leur projet pour ce pay vise à le démembrer et à l’occuper sur le long terme.