La Première ministre britannique Theresa May réunira son cabinet samedi, pour la première fois après avoir perdu la majorité absolue au parlement, dans une tentative apparente de reprendre la main à neuf jours de l’ouverture des négociations du Brexit.
Confrontée à des appels à la démission, May a prévu de réunir sa garde rapprochée dès le week-end. Elle a annoncé vendredi la formation d’un nouveau gouvernement qui « mènera à bien le Brexit », malgré le revers de son parti aux élections législatives de jeudi.
Avec 318 députés, le Parti conservateur est arrivé en tête du scrutin, mais a perdu douze sièges, tandis que l’opposition travailliste dispose de 262 députés (+30), selon les résultats définitifs publiés vendredi après la défaite des conservateurs dans leur bastion de Kensington, ultime affront porté à Theresa May.
Les commentateurs s’accordent à dire que May a subi un grave revers, et certains prédisent même qu’elle pourrait être renversée par des détracteurs au sein de son propre parti.
« May se bat pour rester Première ministre », titre le quotidien Daily
Telegraph, pro-Brexit. « Les Tories s’en prennent à Theresa », selon le Daily Mail, pourtant soutien inconditionnel de la Première ministre.
Pour le quotidien conservateur Times, May « regarde vers l’abysse ». « Elle est cuite », assure pour sa part le tabloïd The Sun.
Les ministres des Finances Philip Hammond, des Affaires étrangères Boris Johnson, celui en charge du Brexit, David Davis ainsi que la ministre de l’Intérieur Amber Rudd et son collègue de la Défense Michael Fallon ont été reconduits dans leurs fonctions.
Theresa May a ainsi conservé sa garde rapprochée. Vendredi, elle s’était rendue au palais de Buckingham pour obtenir le feu vert de la reine Elizabeth II.
« Ce gouvernement guidera notre pays dans les discussions cruciales sur le Brexit qui commenceront dans dix jours et répondra au souhait des Britanniques en menant à bien la sortie de l’Union européenne », a-t-elle assuré.
A la tête d’un gouvernement minoritaire, May dépend désormais du petit parti unioniste nord-irlandais DUP et ses 10 sièges pour atteindre la majorité absolue, alors qu’elle avait convoqué ces législatives anticipées afin d’avoir une majorité renforcée pour négocier la sortie de l’Union européenne avec les 27 à partir du 19 juin.
Jeremy Corbyn, le chef du Labour, largement réélu dans sa circonscription d’Islington, a réclamé la démission de Theresa May. Il a appelé à « un Brexit qui protège les emplois », assurant que le processus de sortie de l’Union européenne « devait se poursuivre » et que son parti était « prêt à mener les négociations au nom du pays ».
– Londres, un partenaire ‘faible’ –
La Première ministre a reçu un appel du président français Emmanuel Macron, qui l’a félicitée, et l’a invitée « à une visite en France à la première opportunité ». Elle a également reçu un appel de félicitations du président américain Donald Trump.
Le commissaire européen français Pierre Moscovici a jugé que May avait « perdu son pari », son homologue allemand, Günther Oettinger, considérant pour sa part que Londres était désormais un partenaire « faible » pour négocier la sortie de l’UE.
Le négociateur en chef de l’UE sur le Brexit, Michel Barnier, a assuré que Bruxelles attendrait que le Royaume-Uni soit « prêt » avant d’entamer les négociations. « Unissons nos efforts pour conclure un accord », a-t-il tweeté.
Le président du Conseil européen, Donald Tusk, a lui aussi appelé à « faire le maximum pour éviter » une absence d’accord, tandis que le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker a mis en garde contre tout « retard supplémentaire » dans les négociations, affirmant que la Commission était prête.
– ‘Véritable vengeance’ –
L’onde de choc des législatives a également touché l’Ecosse, où les indépendantistes du SNP essuient de lourdes pertes, n’ayant plus que 35 députés contre 56 avant le scrutin. Deux figures phare des indépendantistes, Alex Salmond et Angus Robertson, ont perdu leurs sièges, un échec qui met un frein à leurs velléités d’indépendance.
La Première ministre écossaise Nicola Sturgeon a appelé Theresa May à « abandonner » son projet de Brexit « dur » après son échec aux élections.
Seul parti résolument europhile, les Libéraux-Démocrates, qui ont désormais 12 sièges (quatre de plus) ont prévenu dès jeudi soir qu’il n’y aurait « pas de coalition ». Evoquant Theresa May, Tim Farron, le chef des Lib Dem, a jugé que « si elle avait une once d’amour propre, elle démissionnerait ».
Source: AFP