La Turquie a rejeté jeudi comme « inacceptables » les critiques allemandes après l’arrestation à Istanbul d’un militant des droits de l’Homme allemand, accusant Berlin d’ingérence dans la justice turque.
« Les déclarations des porte-parole allemands sont inacceptables », a déclaré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.
« Ces déclarations constituent une interférence directe dans la justice turque qui dépasse les limites », a-t-il ajouté.
Cette réaction survient au lendemain de la convocation par les autorités allemandes de l’ambassadeur de Turquie à Berlin pour protester contre l’incarcération du militant allemand des droits de l’Homme à Istanbul.
« Il est apparu nécessaire que le gouvernement turc comprenne immédiatement et directement l’indignation et l’incompréhension du gouvernement allemand », a déclaré mercredi à la presse le porte-parole du ministère allemand des Affaires étrangères, Martin Schaëfer.
Le porte-parole de la chancelière Angela Merkel, Steffen Seibert, a pour sa part prévenu la Turquie qu’elle ne pouvait espérer aucune avancée dans ses négociations d’adhésion à l’UE, actuellement au point mort. Dans le contexte actuel, des progrès « ne sont pas à l’ordre du jour », a-t-il dit.
Le militant allemand, Peter Steudtner, avait été arrêté le 5 juillet aux côtés d’autres militants des droits de l’Homme, dont la directrice d’Amnesty International pour la Turquie, Idil Eser, alors qu’il participait en tant qu’instructeur à un séminaire sur une île rattachée à Istanbul.
Il a été accusé d’avoir « commis un crime au nom d’une organisation terroriste », expression qui désigne le plus souvent pour les autorités turques les partisans du prédicateur Fethullah Gülen, à qui Ankara a imputé le putsch manqué du 15 juillet 2016, et les séparatistes kurdes du PKK.
Berlin a qualifié ces accusations d' »absurdes ».
Un ressortissant suédois, Ali Gharavi, fait également partie des personnes arrêtées.
Signe de la fermeté de Berlin sur ce dossier, le chef de la diplomatie allemande, Sigmar Gabriel, a interrompu ses vacances pour participer jeudi une réunion « d’urgence » sur les « actions à entreprendre » face à la détérioration du respect des libertés publiques en Turquie.
Au total, selon Berlin, neuf Allemands, dont quatre ayant également la nationalité turque, sont détenus en Turquie depuis le putsch avorté contre le président Recep Tayyip Erdogan.
Parmi eux figure notamment Deniz Yücel, un journaliste germano-turc, correspondant en Turquie du quotidien allemand Die Welt, à l’isolement depuis près de cinq mois sans avoir été mis en accusation.
Source: AFP