Les forces irakiennes ont repris lundi aux groupes takfiro-wahhabites Daesh plusieurs villages aux abords de son bastion de Tal Afar, l’un des derniers dans le pays, s’approchant désormais de la ville que des milliers de civils fuient selon l’ONU.
Dans l’étendue désertique de la plaine de Ninive, les convois de blindés et de chars se déplaçaient en direction de Tal Afar, cité historique située à 70 kilomètres à l’ouest de Mossoul, la deuxième ville d’Irak libérée par les forces irakiennes début juillet des terroristes de Daesh.
Les bombardements de l’artillerie se poursuivaient en direction de Tal Afar, a rapporté un photographe de l’AFP.
Au deuxième jour de leur offensive, les forces de l’armée irakienne, de la police fédérale et locale, du contre-terrorisme et 20.000 membres de l’organisation paramilitaire Hachd al-Chaabi, étaient en fin de journée dans les faubourgs de Tal Afar.
Elles espèrent désormais se positionner sur tous les axes autour de la ville pour encercler totalement le fief takfiriste, ont indiqué à l’AFP des commandants sur le terrain.
Depuis dimanche, la police fédérale a affirmé avoir libéré cinq villages sur le front ouest de Tal Afar. Ses hommes ne sont plus désormais qu’à « des centaines de mètres d’al-Kifah », premier quartier de Tal Afar depuis l’ouest, a indiqué dans un communiqué son chef Raëd Chaker Jawdat.
De son côté, le Hachd al-Chaabi, a annoncé avoir progressé « jusqu’aux faubourgs de l’ouest » de la ville.
Les unités du contre-terrorisme, qui progressent depuis le sud-ouest, ont, elles, repris cinq villages où elles ont « hissé le drapeau irakien », selon un communiqué du Commandement conjoint des opérations (JOC).
La bataille de Tal Afar est une étape importante dans l’offensive anti-takfiriste, tant en Irak qu’en Syrie voisine où Daesh est également la cible de multiples assauts.
La libération de cette ville rendra encore plus difficile tout passage d’armes et de takfiristes entre les deux pays.
« Quelque 40.000 personnes ont déjà quitté la région », a déclaré lundi le porte-parole de l’ONU, Stéphane Dujarric..
L’ONU et les ONG avec lesquelles elle travaille « ne savent pas combien de personnes sont toujours dans les zones de combats mais s’attendent à ce que des milliers de personnes supplémentaires fuient dans les jours et semaines à venir », a-t-il précisé.
Tracts sur des fiefs de Daesh
« Des familles ont marché jusqu’à 20 heures dans une chaleur extrême pour quitter Tal Afar, privée de nourriture et d’eau », a rapporté M. Dujarric.
Des responsables locaux accusent le millier de takfiristes qui se trouveraient à Tal Afar de se servir d’eux comme boucliers humains.
S’il a un temps contrôlé jusqu’à près d’un tiers du territoire irakien, Daesh ne tient plus désormais dans le Nord que Tal Afar et Hawija, plus au sud.
Il est aussi présent dans la vaste et désertique province occidentale d’Al-Anbar, où il contrôle plusieurs zones le long de la frontière syrienne, notamment celle d’Al-Qaïm.
Dans la nuit, les forces irakiennes ont largué sur Hawija des tracts du ministère de l’Intérieur appelant les habitants à « se préparer car vos forces armées ont fait de la reprise de votre ville leur prochain objectif ».
De même dans la région de Rawa, dans la zone d’Al-Qaïm, ils ont lancé des tracts demandant aux habitants de « préparer un bon accueil aux forces armées, comme l’ont fait les habitants de Mossoul ».
La coalition US aurait tué 8.000 civils à Mossoul, selon une ONG
Sur un autre plan, une ONG britannique Airwars a révélé que les bombardements de la coalition dirigée par les États-Unis ont fait plus de 8.000 morts parmi les civils à Mossoul, rapporte Sputnik.
Les calculs de l’organisation, basés sur les données fournies par les militants locaux des droits de l’homme, dépassent de loin le bilan officiel des victimes présenté par Washington qui affirme que les frappes réalisées par la coalition en Syrie et en Irak n’ont fait que 624 morts parmi la population civile.
Dans le même temps, le directeur du groupe Airwars Chris Woods souligne que les évaluations de l’organisation seraient dans les faits «bien inférieures» aux chiffres réels.
Dans un entretien accordé au journal britannique The Times, M.Woods indique que la bataille de Mossoul risque de devenir «un terrible précédent» si un tel nombre de victimes civils est considéré comme acceptable du point de vue politique comme moral.