La Birmanie pose des mines depuis trois jours sur une portion de sa frontière avec le Bangladesh, rapportent des responsables du gouvernement bangladais,.
L’objectif de la Birmanie serait d’empêcher le retour de musulmans Rohingyas fuyant les violences qui secouent l’Etat d’Arakan (Rakhine) depuis la fin du mois d’août.
Environ 164.000 Rohingyas se sont réfugiés en près de deux semaines au Bangladesh pour échapper à une opération des forces de sécurité qui a fait au moins 400 morts, selon l’Onu.
« Ils (les Birmans) placent des mines sur leur territoire le long de la clôture barbelée », accuse une source gouvernementale à Dacca. « Nos forces ont vu trois ou quatre groupes travaillant près de la clôture, enfouissant quelque chose dans le sol. »
Selon les deux responsables contactés par Reuters, les soupçons des autorités bangladaises ont été confirmés grâce à des informateurs et des photographies.
Manzurul Hassan Khan, un garde-frontière bangladais, a signalé deux explosions mardi du côté birman de la frontière. Lundi, un garçon a perdu sa jambe dans une autre explosion. Il est soigné au Bangladesh.
Un réfugié s’est rendu sur le site de l’incident et a filmé ce qui s’apparente à une mine: un disque métallique d’une dizaine de cm de diamètre partiellement enfoui dans la boue.
L’ONU appelle à apporter une aide vitale
Entre-temps, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a jugé essentiel de donner aux musulmans de cet État du Myanmar soit la nationalité, soit, du moins pour l’instant, un statut juridique.
« Nous sommes tous conscients d’une longue histoire de discrimination, de désespoir et d’extrême pauvreté dans cet État », a déclaré le Secrétaire général lors d’un point de presse mardi à New York.
Le HCR et l’OIM soulignent qu’une aide vitale est nécessaire
Le Secrétaire général a été rejoint par le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) qui s’est dit mardi préoccupé par des informations selon lesquelles des civils auraient péri durant leur fuite en quête de sécurité.
« Les personnes ayant réussi à rejoindre le Bangladesh sont dans un mauvais état de santé », a déclaré une porte-parole du HCR, Duniya Aslam Khan, lors d’un point de presse à Genève. « La plupart ont marché pendant des jours depuis leurs villages – en se cachant dans la jungle et en franchissant des montagnes et des rivières avec ce qu’ils avaient pu emporter de chez eux. Ils sont affamés, affaiblis et malades ».
« Le HCR estime urgent de lutter contre les causes profondes de la récente vague de violences, afin que les gens ne soient plus forcés de fuir et qu’ils puissent rentrer chez eux en toute sécurité et dans la dignité », a dit la porte-parole.
Les camps de Kutupalong et Nayapara ont atteint leur point de saturation
Selon les estimations rapportées par le HCR, 123.000 réfugiés sont arrivés au Bangladesh depuis l’éruption le mois dernier des violences dans l’Etat Rakhine.
Les nouveaux arrivants sont dispersés dans différentes localités au sud-est du Bangladesh. Selon les estimations, plus de 30.000 Rohingyas auraient trouvé refuge dans les camps de réfugiés existants de Kutupalong et Nayapara.
« Beaucoup d’autres vivent dans des sites de fortune et des villages locaux », a dit Mme Aslam Khan, précisant que le HCR a distribué lundi quelques vêtements, bâches en plastique et articles de secours par l’intermédiaire d’une ONG partenaire.
Compte tenu des arrivées quotidiennes de centaines de nouveaux réfugiés, les camps de Kutupalong et Nayapara ont atteint leur point de saturation. Les nouveaux arrivants sont accueillis par des familles réfugiées et dans des écoles pour réfugiés, des centres communautaires, des écoles coraniques et des structures couvertes.
18 millions de dollars nécessaires pour assurer l’aide aux nouveaux arrivants
L’Organisation internationale pour les migrations (OIM) a déclaré mardi que l’aide humanitaire dans la localité de Cox’s Bazar, au Bangladesh, doit être accrue d’urgence.
L’OIM et les agences partenaires qui opèrent dans ce district qui borde le Myanmar ont besoin d’un financement immédiat de 18 millions de dollars au cours des trois prochains mois pour permettre d’élargir les secours aux nouveaux arrivants.
Avec UN.ORG + Reuters
Source: Divers