En réaction au rapport de l’Onu qui a accusé Damas d’avoir recouru plusieurs fois aux armements chimiques, Damas ne s’est pas contenté de se défendre : il est passé à l’attaque en révélant les lacunes qui entachent ce texte.
La Commission non habilitée
Dans sa lettre remise vendredi par le biais de son représentant auprès de l’ONU à Genève, au chef du Conseil des droits de l’homme des Nations unies, le ministère syrien des Affaires étrangères estime que la Commission d’enquête des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Syrie, qui est derrière le rapport n’est pas habilitée à se prononcer sur ce genre de situations.
« L’insistance de la Commission à s’immiscer dans la question des armes chimiques et son utilisation illustre une violation flagrante de son mandat et de celui du Conseil des droits de l’homme. De surcroit, elle constitue un empêtrement sur les prérogatives des comités d’enquête technique qui ont été créés par l’Organisation d’interdiction des armes chimiques, et sur le mandant du mécanisme d’investigation commun », a fustigé le ministère syrien.
Selon ce dernier « il s’agit bien d’une tentative bien visible destinée à brouiller les résultats des enquêtes en cours ».
Le mercredi 6 septembre dernier, la Commission d’enquête des Nations unies sur la situation des droits de l’homme en Syrie a rendu public un rapport faisant état de 25 cas d’emploi d’armes chimiques entre mars 2013 et mars 2017 et en concluant que dans 20 cas, les attaques avaient été effectuées par les forces gouvernementales, essentiellement contre des civils.
Pour le ministère syrien, cette commission « s’est arrogée le droit de proférer ses accusations et s’est noyée dans la politisation et la sélectivité en se basant sur de présumés témoignages de protagonistes non neutres, sans compter l’émission de recommandations, d’interprétations et d’explications non fondées sur des preuves matérielles ».
Sachant que les rapports onusiens sur la Syrie dépendent d’indices recueillis essentiellement par des acteurs liés à la rébellion et non gouvernementaux et non plus sur des travaux d’enquêteurs indépendants et intègres.
Ceci a été fortement le cas lors de l’attaque présumée de Khan Cheïkhoune dans la province d’Idleb : ce sont les échantillons prélevés par les miliciens qui occupent cette province qui ont été acheminés via la Turquie à l’organisation internationale.
Tout en avouant ne posséder aucun reste physique de bombe ni s’être rendus sur les lieux, les enquêteurs onusiens arguent que Damas ne les autorisant pas à entrer en Syrie.
Dans sa lettre, le ministère syrien demande au Conseil de suspendre l’action de ce genre de commissions « qui portent atteinte au prestige du Conseil à son rôle ». Il lui a aussi réclamé « de fixer les normes qui empêchent certains Etats membres d’exploiter les mécanismes de contrôle du travail des commissions au service de leurs propres intérêts politiques, au dépens de la réputation du Conseil et de son honnêteté ».
Avis russe: un faux politiquement biaisé
Quant à l’ambassadeur russe auprès de l’Onu à Genève, Alexeï Borodavkine, il a conseillé de ne pas faire attention au rapport de l’Onu.
«La partie du rapport consacrée à l’emploi d’armes chimiques par la Russie et les forces armées syriennes est un exemple de faux politiquement biaisé et maladroitement fabriqué », a-t-il déclaré.
Les autorités syriennes ont déclaré à plusieurs reprises qu’elles n’ont jamais eu recours aux armes chimiques contre les civils ni contre les terroristes et que tout l’arsenal chimique avait été retiré du pays sous contrôle de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC).
Les réserves syriennes d’armes chimiques ont été sorties du pays et en janvier 2016, l’OIAC a annoncé que l’arsenal chimique syrien avait été détruit.
Sources: Sana, Sputnik, Al-Akhbar.