Le Hachd al-Chaabi, des unités paramilitaires qui suppléent les troupes irakiennes, a rejeté mercredi la proposition du Kurdistan de « geler » son référendum d’indépendance, déclencheur de la crise entre Erbil et Bagdad.
« La proposition kurde n’a aucune valeur car geler signifie reconnaître le référendum, or la demande du gouvernement irakien était claire: c’est l’annulation du référendum », a affirmé Ahmed al-Assadi à l’AFP.
Le porte-parole du Hachd Chaabi a ensuite commenté les mouvements militaires qui ont permis aux forces irakiennes de reprendre en quelques jours la quasi-totalité des zones disputées aux peshmergas à travers l’Irak. Le Hachd épaule l’armée irakienne tant face au groupe takfiro-wahhabite Daesh que face aux peshmergas.
« Le déploiement des forces irakiennes n’a rien à voir avec l’annulation du référendum » du 25 septembre, a-t-il martelé, revenant sur cette démonstration de force de Bagdad qui s’est en de rares endroits soldée par des combats ayant fait une trentaine de morts.
« Il découle de la loi, telle qu’elle a été votée par le Parlement, qui prévoit la présence des forces gouvernementales dans ces zones », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué publié dans la nuit, le gouvernement du Kurdistan irakien avait dit « proposer au gouvernement et à l’opinion irakiens (…) le gel des résultats du référendum (…) et le début d’un dialogue ouvert entre le gouvernement du Kurdistan et le gouvernement central sur la base de la Constitution ».
Le gouvernement irakien n’a pas immédiatement réagi à cette initiative, mais il réclamait l’annulation des résultats de cette consultation, où le « oui » l’a largement emporté, comme préalable à tout dialogue.
Les autorités centrales ont restitué, comme mesure de rétorsion, de larges pans de territoires que les forces kurdes avaient occupés au-delà des frontières de la région autonome, après l’occupation de Mossoul par Daesh en 2014.
En y perdant les immenses champs de pétrole qui s’y trouvent, le Kurdistan a vu s’éloigner toute possibilité d’un Etat viable économiquement, assurent les experts.
De son côté, l’ONU, qui jusqu’à la veille du référendum du 25 septembre plaidait pour un plan alternatif de négociations, a réitéré mardi sa proposition d’aider à des pourparlers entre Bagdad et Erbil pour faire cesser l’escalade.
Dans un communiqué, le représentant spécial du secrétaire général des Nations Unies en Irak, Jan Kubis, se déclare « confiant qu’en dépit des récentes tensions, l’Irak surmontera la crise ».
La proposition d’Erbil intervient au moment où le Premier ministre irakien Haider al-Abadi, de retour d’une tournée régionale en Arabie saoudite et en Egypte, est attendu en Turquie.
Il a déjà annoncé qu’il évoquerait avec les responsables turcs la question du référendum kurde, de la gestion de la frontière entre son pays et la Turquie dont il entend reprendre le contrôle, aux dépens des peshmergas.
Source: Avec AFP