Au Liban, la conviction que le Premier ministre libanais Saad Hariri est séquestré en Arabie saoudite a le dessus sur toutes les autres éventualités sur son sort.
Sa visite mardi à Abu Dhabi n’a rien fait pour calmer les soupçons. Les observateurs ont constaté qu’il s’y est rendu à bord d’un avion saoudien et non pas de son avion privé, et qu’il n’a pas donné de conférence de presse. Ce voyage est interprété comme étant une tentative de Riyad de fourvoyer l’opinion publique libanaise, particulièrement inquiète pour le sort de son Premier ministre.
Selon le journal libanais al-Akhbar, le prince héritier Mohamad Ben Salmane refuse de laisser M. Hariri se rendre à Paris. Sous les pressions, il a seulement accepté de changer son statut. Il n’est plus soumis aux mesures de séquestration mais restera soumis à celles de l’assignation à résidence.
Il lui a été permis de se rendre avec les membres de sa famille et ses gardiens du corps à sa maison, mais y sera soumis à des mesures de surveillance renforcées, concernant les visiteurs et les appels téléphoniques.
C’est l’officier Mohammad Diab qui a révélé ces faits, lors de son interrogatoire, après son retour de Riyad lundi.
Etant chargé de la sécurité de M. Hariri, il a dit ne pas savoir où il a été hébergé depuis son arrivée vendredi. Dès son arrivée à Riyad, il s’était rendu chez lui, avant qu’on ne décide qu’il soit emmené avec deux de ses gardiens du corps et des membres de sécurité saoudienne vers une destination inconnue. Des mesures de sécurité ont alors été renforcées dans sa maison et les portables confisqués. Diab a dit qu’il est revenu à Beyrouth parce que sa mère était malade.
Toujours selon Al-AKhbar, deux médiations internationales ont été entreprises. La première, par la France, dont le président a dépêché l’ancien président Nicolas Sarkozy à Riyad afin de permettre à M. Hariri de se rendre à Paris, tout en s’engageant à respecter les exigences saoudiennes. Et la seconde par les Etats-Unis, via David Saterfield. Toutes deux se sont soldées par un échec.
Selon une source proche des contacts en cours, l’Arabie impose deux choix à M. Hariri : choisir l’exil volontaire et garder le silence, ou rentrer au Liban et affronter ses rivaux.
Les dernières informations en provenance d’Abu Dhabi révèlent que M. Hariri a payé la somme copieuse de 7 milliards de dollars à Riyad, en guise de concession irrémédiable pour toutes les dettes dues à ses sociétés en Arabie, en l’occurrence Saudi Oger . En échange, il a obtenu la suspension des poursuites judiciaires des banques saoudiennes.