Nouvelle évolution dans la guerre contre le Yémen: les relations entre les deux pays qui mènent l’agression contre ce pays pauvre sont au plus mal.
Selon l’AFP, les séparatistes du sud du Yémen, soutenus par les Emirats Arabes Unies, ont acheminé lundi des renforts vers Aden, deuxième ville du pays, où des combats nocturnes les ont encore opposés à l’armée du gouvernement démissionnaire pro-saoudien qui a dénoncé des « hors-la-loi ».
La crise qui a éclaté dimanche entre les séparatistes et le gouvernement du président Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par l’Arabie saoudite, a donné une nouvelle dimension au conflit qui se poursuit depuis trois ans dans ce pays pauvre de la péninsule arabique.
Les séparatistes pro-émiratis étaient précédemment alliés au gouvernement, mais la situation a commencé à se tendre en avril 2017 quand M. Hadi a limogé l’ancien gouverneur d’Aden, Aidarous al-Zoubaidi, qui a formé le mois suivant un Conseil de transition du sud, autorité parallèle dominée par des sécessionnistes. Les Emirats ont entraîné et soutiennent une force appelée « Ceinture de sécurité » dans le sud. Cette force soutient le Conseil de transition du sud.
Il convient de noter, que le Conseil de transition du sud avait fixé un ultimatum la semaine dernière à M. Hadi exigeant le départ du Premier ministre Ahmed ben Dagher et des « changements au gouvernement », accusé de « corruption », faute de quoi un grand sit-in serait organisé à Aden.
L’ultimatum a expiré dimanche matin et des affrontements ont éclaté à travers la ville entre des forces séparatistes et des unités pro-saoudiennes, faisant au moins 15 morts et 122 blessés, dont des civils, et aboutissant à la prise du siège transitoire du gouvernement démissionnaire et d’autres installations par les séparatistes, selon des sources militaires.
En fin de journée, ces derniers se sont rapprochés du palais présidentiel où résident des membres du gouvernement pro-saoudien et des affrontements les ont opposés dans la nuit à des soldats pro-saoudiens, ont indiqué lundi des sources sécuritaires.
‘Tirs toute la nuit’
Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a confirmé des combats nocturnes. « Tirs toute la nuit à Aden, y compris à l’arme lourde », a déclaré dans un tweet Alexandre Faite, chef de la délégation du CICR basé dans la capitale Sanaa.
« Encore impossible (pour nos équipes) de sortir » de là où elles se trouvent, a-t-il ajouté en déplorant que, « comme toujours, les civils ne sont pas épargnés par la violence ».
Dans un tweet, le médiateur de l’ONU au Yémen, Ismaïl Ould Cheikh Ahmed, a appelé toutes les parties à « revenir au calme et au dialogue », ajoutant que les
Nations unies sont « toujours disposées à aider pour régler les différends ».
Cet émissaire doit quitter ses fonctions en février et il a été incapable de favoriser un cessez-le-feu durable ou un règlement depuis le début de la guerre saoudo-US contre le Yémen en mars 2015.
Lundi, des sources sécuritaires ont indiqué à l’AFP que les séparatistes faisaient venir des renforts à Aden depuis les provinces d’Abyane (sud) et de Marib (centre).
Dans la province d’Abyane, ces forces se sont affrontées à des unités pro-Hadi, mais elles ont réussi à poursuivre leur progression vers Aden, ont précisé ces sources.
Selon des responsables militaires, les séparatistes ont capturé 210 soldats pro-saoudiens mais en ont libéré 70 après des médiations tribales. Les forces pro-Hadi retiennent pour leur part plus de 30 séparatistes.
Le gouvernement de Hadi accuse les Emirats
Le Premier Ministre démissionnaire, Ahmad ben Dagher, a implicitement accusé les Emirats. Il a appelé dans un post sur Facebook Abou Dhabi, « à qui revient la décision à Aden d’intervenir », tout en sollicitant la coalition « d’agir pour préserver la situation. »
La coalition dirigée par l’Arabie s’est contentée jusqu’ici d’appeler au « calme » et à la « retenue ».
De son côté, le ministre émirati pour les affaires étrangères, Anwar Qarqash, a écrit sur twitter qu’ « il n’y aura pas de consolation pour ceux qui cherchent la sédition ».
Se partager la part du gâteau
Entre-temps, des sources politiques sudistes ont affirmé que « le combat réel n’a pas encore commencé…Ce qui s’est passé dimanche à Aden est un petit modèle du conflit qui éclatera entre les miliciens soutenus par les différentes pôles de la coalition ».
Selon des observateurs sudistes, les forces de la coalition auraient dû se partager la part du gâteau : la région portuaire d’Aden serait octroyée aux Emirats et la province pétrolifère de Hadramout contrôlée par l’Arabie saoudite.
Mais la situation sur le terrain illustre le contraire.
‘Conseil du coup de force’
Selon l’agence Saba, le Premier ministre démissionnaire s’est réuni dans la nuit de dimanche à lundi avec d’autres membres de son cabinet pour discuter « des développements militaires et des actes de sabotage ayant visé des installations gouvernementales ».
Ces actes sont dirigés « contre la légitimité représentée par le président Hadi », a ajouté l’agence, soulignant que le gouvernement condamne « les hors-la-loi représentés par le Conseil du coup de force ».
Le gouvernement démissionnaire soutenu par l’Arabie, chassé de la capitale Sanaa en septembre 2014 par les forces yéménites (armée + Ansarullah), a établi son siège transitoire à Aden l’année suivante.
La coalition dirigée par l’Arabie s’est contentée jusqu’ici d’appeler au « calme » et à la « retenue ».
Le gouvernement démissionnaire a déclaré, selon l’agence Saba, que « le camp Houthi (Ansarullah) est le premier bénéficiaire » du conflit actuel.
Avec AlManar + AlAkhbar + AFP