Les miliciens soutenus par le conseil de transition du sud (pro-émirati) se sont emparés mardi de la majorité des positions et des fiefs des représentants du gouvernement démissionnaire du président Abed Rabbo Mansour Hadi, appuyé par l’Arabie saoudite.
Après cette percée des séparatistes, l’homme fort des Emirats et président du conseil de transition, Aidarous al-Zoubeidi, a affirmé que les séparatistes « soutiendront Tarek Saleh (neveu de l’ancien président Ali Abdallah Saleh) pour libérer le nord (des Houthis) ».
Une position qui fait écho à un plan émirati consistant à imposer le conseil de transition au sud et la famille de l’ancien président Saleh au nord afin de former un front politique « apte » à mener les négociations.
Al-Zoubeidi a en outre réitéré « l’engagement du conseil de transition à appliquer les objectifs de la coalition au Yémen ».
Côté saoudien, il semble que l’Arabie n’est pas préoccupée par la défaite de ses alliés, connus sous le nom « des forces de la légitimité », à Aden. Ryad est apparemment convaincu qu’il est temps de tester « les propositions émiraties » dans l’espoir de renforcer le front de la coalition au Yémen.
Dans ce contexte, le politicien saoudien, proche du régime, Anwar Ashki, a proposé la « formation pour le nord du pays d’un gouvernement dirigé par un neveu de Saleh, et d’un autre pour le sud présidé par Aidarous al-Zoubeidi, et ce dans le cadre d’un Etat fédéral gouverné par Abed Rabbo Mansour Hadi ».
Et d’ajouter : « al-Zoubeidi est recommandé par les sudistes, alors que Saleh est accepté par les nordistes…Le mouvement sudiste refuse le gouvernement de ben Dagher, mais il n’est pas opposé à l’administration de Hadi ».
Selon lui, « une telle solution contribuera à préserver temporairement la paix ».
Et de conclure : Il n’y a pas de différends entre l’Arabie et les Emirats. Tous deux œuvrent ensemble pour résoudre la crise au Yémen ».
Le palais présidentiel encerclé par les séparatistes
Sur le terrain, le palais présidentiel à Aden a été encerclé depuis le 30 janvier au matin par des combattants séparatistes du Sud. Ils contrôlent maintenant l’entrée principale du bâtiment : les membres du gouvernement se trouvant à l’intérieur sont donc «officieusement assignés à résidence», selon un officier de l’armée.
Le président yéménite Abd Rabbo Mansour Hadi est lui-même réfugié en Arabie saoudite, mais son Premier ministre Ahmed ben Dagher et plusieurs membres du gouvernement résidaient ces derniers jours au palais présidentiel d’Aden, alors que des affrontements violents entre séparatistes et forces gouvernementales avaient lieu depuis trois jours dans la ville.
Les combats récents ont d’ailleurs permis aux séparatistes de s’emparer de plusieurs positions clefs. Le brigadier Saleh al-Sayyed, à la tête des troupes qui combattent les séparatistes depuis trois jours, a annoncé que ses unités avaient pris le contrôle de la quatrième brigade, qui inclut la garde présidentielle à Aden.
De son côté, l’armée pro-Hadi a essuyé des pertes humaines : quatre soldats ont perdu la vie dans des échanges de tirs le 29 janvier à Aden.
Depuis le 28 janvier, ces affrontements entre forces pro-Hadi et séparatistes ont fait au moins 36 morts et 185 blessés, selon le Comité international de la Croix-Rouge (CICR). Les séparatistes étaient précédemment alliés au gouvernement, mais la situation s’est tendue en avril 2017 quand le président du Yémen, Abd Rabbo Mansour Hadi, a limogé le gouverneur d’Aden, Aidarous Al-Zoubaidi, qui a formé le mois suivant un Conseil de transition du Sud, autorité parallèle dominée par des séparatistes entrainés par les forces émiraties.
Ce Conseil avait fixé un ultimatum exigeant le départ du premier ministre Ahmed ben Dagher et des «changements au gouvernement», accusé de «corruption».
Au cours des deux ans de bombardements saoudiens incessants contre le Yémen sous prétexte de défendre la ‘légitimité du président démissionnaire Hadi’, plus de 10 000 personnes ont été tuées et 40 000 autres blessées, tandis que plus de trois millions de Yéménites ont été déplacés.
En outre, le pays est confronté à une grave crise humanitaire. Depuis 2015, moment de l’intervention de la coalition dirigée par Riyad, il subit une épidémie de choléra. Selon l’ONG Save The Children, au moins 1 million d’enfants sont menacés par cette épidémie.
Sources: AlManar, AlAkhbar, RT, AFP