À l’idée de la puissance grandissante de l’Iran, le Premier ministre israélien s’alarme. Selon l’éditorialiste du journal arabophone Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, seul le nom de l’Iran suffirait pour que le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’affole et répète ses allégations contre l’Iran, le qualifiant de « la plus grande menace pour la sécurité mondiale ; comme quoi l’Iran, à l’instar des États-Unis, de la Russie et de la Chine, est une hyperpuissance disposant de milliers d’ogives nucléaires ».
Dimanche, à la tribune de la Conférence de Munich sur la sécurité, Netanyahu a prétendu qu’Israël, passerait à l’acte, si nécessaire, non seulement contre les forces iraniennes dans la région, mais aussi, contre le pays même, rappelle Atwan.
« Et lorsqu’il prononçait son discours, il brandissait une pièce en métal, un morceau de débris du drone récemment écrasé, selon lui, par la DCA israélienne ».
Netanyahu est un habitué de ces méthodes. Ce n’est pas la première fois que lors de discours devant les instances internationales, il fait usage de divers outils pour se faire comprendre, comme s’il s’adressait à de petits élèves, rappelle l’article.
« Il y a quatre ans, devant l’Assemblée générale des Nations unies, Netanyahu a présenté des graphiques grâce auxquels il essayait d’expliquer que l’Iran était au seuil de la production de la bombe atomique. Il a ensuite répété ses menaces, en ce sens qu’Israël bombarderait l’Iran avant qu’il n’obtienne la capacité de fabriquer la bombe atomique, et d’ajouter que Tel-Aviv était contre tout accord ou dialogue nucléaire avec les Iraniens. »
À Munich, le Premier ministre israélien a prononcé son discours dans la même salle que le conseiller à la Sécurité nationale américaine où il avait prétendu, la veille, envisager des mesures susceptibles de freiner « les forces par procuration » iraniennes au Liban au Yémen, en Syrie et en Irak, ajoute l’analyste.
Si les Américains et Israéliens révèlent ces jours-ci une si grande peur, ce serait en rapport avec le tir réussi de la DCA syrienne, le 10 février, contre un F-16 israélien, en utilisant un missile dont la date d’utilisation aurait dû expirer il y a une trentaine d’années. Or, certains pays arabes ont essayé de sous-estimer cet acquis militaire, pour ainsi continuer d’admirer la soi-disant suprématie militaire israélienne, écrit Atwan.
« Une question s’impose : si Israël, avec tous les missiles et ogives nucléaires dont il dispose, est vraiment une puissance militaire, pourquoi alors le régime israélien a-t-il tellement peur de l’Iran, pays frappé d’ailleurs par les sanctions occidentales et surtout américaines ? Et pourquoi Israël devrait-il éprouver une si grande peur envers la Syrie et le Hezbollah qui vont sortir de sept années de guerre au cours de laquelle les Américains et leurs alliés occidentaux ont mobilisé tous leurs moyens financiers et militaires ? »
« Comment se fait-il que Netanyahu n’apporte pas à Munich un morceau de débris du chasseur israélien écrasé par un missile syrien vieux de longues années, ou encore, un morceau même de ce missile ? », se demande le journaliste arabe.
À Munich, Zarif a brossé un tableau clair des positions de l’Iran.
Cette peur partagée par les Américains et Israéliens que Netanyahu vient de révéler par des formules comme « Israël ne permettra pas à l’Iran de mettre un nœud de terreur autour de son cou » montre que l’approche stratégique de l’Iran face à Washington et son allié israélien s’est avérée réussie. « Cela pourrait déplaire à certains ; l’Iran a su mettre fin, par cette stratégie, à 70 ans d’obsessions hégémoniques des États-Unis dans la région ».
La stratégie iranienne, selon Abdel Bari Atwan, consiste à combattre l’ennemi israélien.
« Pour ce faire, l’Iran dispose non seulement de la puissance militaire nécessaire, mais aussi d’une forte motivation pour toute sorte de dévouement », écrit-il.
« C’était en souriant que le secrétaire général du Hezbollah, Hassan Nasrallah, dégageant une grande confiance en soi, a affirmé il y a quelques jours que ce mouvement serait prêt à frapper et détruire, en l’espace de quelques heures, les plateformes pétrolières et gazières israéliennes en Méditerranée, dès que l’ordonnera le haut Conseil de défense libanais. »
D’après l’article, Netanyahu sait très bien que le chef du Hezbollah n’a pas l’habitude de brandir des menaces creuses. « Les Israéliens n’ont pas encore oublié le souvenir de la destruction de leur bateau militaire au large du Liban en 2006 et ça aussi a prouvé la détermination du Hezbollah », écrit l’éditorialiste de Rai al-Youm.
« Si Netanyahu sent qu’une chose autour de son cou l’étouffe, il faudrait lui dire que ce sentiment lui vient de la résistance légitime contre sa politique d’occupation», ironise Atwan.
Avec PressTV