L’aviation de la coalition sous commandement américain a mené des frappes meurtrières sur des positions de l’armée syrienne dans l’est du pays, a affirmé l’agence officielle syrienne Sana dans la nuit de dimanche à lundi.
«Des appareils de la coalition américaine ont bombardé l’une de nos positions militaires dans la zone de al-Hari, au sud-est d’al-Boukamal», ville de la province de Deir Ezzor (est), a indiqué l’agence en citant une source militaire. Selon l’interlocuteur du média, plusieurs personnes ont été tuées.
Citant une source militaire, l’agence officielle Sana a affirmé que plusieurs personnes avaient été tuées et blessées par des appareils de la coalition américaine, sans fournir de bilan précis.
Selon Sana, cette frappe de la coalition intervient trois jours après que l’armée syrienne a libéré une région qui s’étale sur 40 km de longueur et ratissé quelque 2000 km2 dans le désert situé à l’ouest de la ville d’al-Mayadeene.
Offensives distinctes
Selon l’AFP, Al-Hari est située dans la province orientale de Deir Ezzor, riche en pétrole, où les forces démocratiques syriennes (FDS), milice à majorité kurde soutenue par les Etats-Unis, et les forces gouvernementales syriennes, appuyées par la Russie, mènent des offensives distinctes contre le groupe wahhabite terroriste Daech (Etat islamique-EI).
Les forces gouvernementales contrôlent les terres à l’ouest du fleuve Euphrate, qui traverse la province de Deir Ezzor, tandis que les FDS se battent pour expulser l’EI d’une série de villages situés sur la rive est, près de la frontière irakienne.
Une ligne dite de « déconfliction » qui longe le fleuve est en place depuis 2017 afin d’empêcher tout affrontement entre les forces gouvernementales et FDS.
Le Hachd al-Chaabi accuse
La Coalition menée par les USA en Syrie a refusé d’admettre sa responsabilité dans la frappe de Hari.
« Il n’y a pas eu de frappes de la part des forces américaines ou de la coalition dans cette zone », a réagi auprès de l’AFP une source de la coalition, indiquant toutefois « être au courant de frappes (…) ayant tué et blessés plusieurs combattants de Kataëb Hezbollah », un groupe faisant partie du Hach al-Chaabi qui a combattu contre Daech en Irak.
Justement, ce dernier a accusé les forces américaines d’avoir tué 22 de ses membres dans des frappes aériennes sur l’est de la Syrie frontalier de l’Irak.
« Les avions américains ont tiré deux missiles téléguidés sur une position permanente des unités du Hachd al-Chaabi le long de la frontière avec la Syrie, tuant 22 combattants et en blessant 12 », indique un communiqué du Hachd.
Le Hachd al-Chaabi rappelle dans son texte avoir été déployé par les autorités de Bagdad le long de la frontière poreuse avec la Syrie depuis l’annonce de la victoire sur l’EI proclamée en décembre par Bagdad.
La position visée lundi se trouve à « 700 m à l’intérieur du territoire syrien », « au nord d’al-Boukamal », précise le Hachd, qui explique s’être déployé en certains endroits du territoire syrien « en raison du caractère désertique de la zone et pour des impératifs militaires afin d’empêcher les infiltrations terroristes en Irak » et « au su du gouvernement syrien ».
Au moins trois corps de combattants des « Brigades du Hezbollah » ont été rapatriés dans la province agricole de Zi Qar (sud de l’Irak), a rapporté un correspondant de l’AFP.
Une source militaire à Deir Ezzor a pour sa part indiqué à l’AFP que des avions de combat avaient « mené des frappes aériennes sur des positions conjointes irako-syriennes à al-Hari ».
Des frappes et des prétextes
La coalition, qui intervient en Syrie depuis 2014 sous prétexte de combattre Daech, a plusieurs frappé des forces régulières syriennes ces dernières années. Comme ses frappes ne sont pas légitimes, elle avance chaque fois un prétexte différent.
Le 24 mai, douze combattants pro-gouvernementaux ont péri dans un raid aérien contre des positions de l’armée syrienne au sud d’al-Boukamal, ville située à quelques kilomètres de la frontière et reprise à l’EI par le pouvoir en novembre dernier.
Le Pentagone avait nié, alors que l’OSDH et des médias d’Etat syriens avaient attribué cette frappe à la coalition, indique l’AFP.
Le 7 février, la coalition a reconnu avoir tué au moins 100 combattants prorégime, dont cinq Russes selon Moscou, dans la province de Deir Ezzor, en représailles à une attaque contre des positions des FDS.
En septembre 2016, des raids contre des positions militaires de l’armée régulière, également dans l’est, avaient coûté la vie à plus de 60 soldats syriens. La coalition avait alors prétendu avoir pris les forces de Damas pour des jihadistes takfiristes.
Prise de Dachicha par les FDS
Les frappes contre al-Hari interviennent au lendemain de la reprise par les FDS de Dachicha, un village situé dans le nord de la province de Hasakeh.
Dachicha représentait un « fief important » de l’EI dans cette province et se trouvait sur un « couloir vital » reliant autrefois les territoires des jihadistes en Syrie et en Irak, selon le directeur de l’OSDH.
« Pour la première fois en quatre ans, Dachicha, une ville réputée pour le transit d’armes, de combattants (…) entre l’Irak et la Syrie, n’est plus contrôlée par les terroristes de l’EI », a commenté lundi Brett McGurk, l’envoyé spécial du président américain auprès de la coalition anti-EI.
Source: Divers