La population américaine dessine les cartes des futures opérations militaires, analyse les chances de «balkanisation» du pays, fait le plein de munitions et cherche des lieux sûrs pour survivre à une éventuelle «seconde guerre civile».
Ce thème était encore tabou il y a peu, mais il est aujourd’hui évoqué par les principaux médias américains, écrit le quotidien Vzgliad. Que craignent-ils et pourquoi ce sujet surgit-il précisément maintenant?
Selon un sondage réalisé en mai par la société Rasmussen Reports, 31% des Américains jugent possible le début d’une guerre civile aux USA d’ici cinq ans. En mars, un sondage similaire avait été mené parmi les historiens et d’autres experts: un tiers d’entre eux s’attendaient au déclenchement d’une guerre dans un avenir proche.
Ce ne sont pas seulement les chiffres — relativement élevés pour un pays en apparence aussi prospère que les États-Unis — qui étonnent. Ce qui surprend, c’est que pour la première fois depuis tant d’années le thème d’un conflit intérieur armé est évoqué par les médias alors que c’était un tabou absolu jusque-là. Seuls les «conspirationnistes», les «paléoconservateurs», les «survivalistes», les «extrémistes» et d’autres catégories de personnes à l’idéologie jugée peu adéquate formulaient des scénarios de guerre civile aux USA.
Mais la «seconde guerre civile» est rapidement passée de la métaphore à la possibilité réelle — d’abord sur les forums, puis dans les émissions de radio et, enfin, dans les médias. Des analystes militaires ont été invités pour évaluer le risque de balkanisation de l’Amérique, pour dessiner les cartes des États rouges et bleus, et cherchaient sérieusement à comprendre qui sera mieux approvisionné en nourriture et en munitions pendant la prochaine guerre — les États centraux pro-Trump ou côtiers, qui ont voté pour Hillary Clinton.
Bref, les débats actuels en Amérique n’ont pas pour objet de savoir si une guerre civile aura lieu, mais de savoir comment elle se déroulera. La gauche insiste sur le fait que la ligne de crête sera purement politique: les Etats rouges qui ont voté pour Donald Trump s’insurgeront contre les États bleus — le bastion du clan Clinton.
Les conservateurs s’attendent à une scission encore plus importante. Les inégalités économiques se creusent dans le pays, la classe moyenne s’appauvrit rapidement, la fortune des riches grandit de manière exponentielle.
Les problèmes économiques ont également aggravé les conflits raciaux. La colère de la population noire s’est clairement manifestée pendant les émeutes de Ferguson, les meurtres de policiers blancs et le démantèlement des monuments en hommage aux héros du Sud-américain. Pour la jeunesse noire sans travail, un conflit armé pourrait constituer, aux yeux de certains, l’unique chance de trouver de l’argent.
Enfin, l’heure est à l’intolérance, au radicalisme et à la recherche paranoïaque d’ennemis. En mars, l’écrivaine et politologue Nonie Darwish a publié un article très profond sur le site de Gatestone Institute, traçant un parallèle entre le nihilisme hystérique de la gauche américaine et la terreur morale des fanatiques de la charia. Nonie Darwish a émigré d’Égypte vers les USA, c’est pourquoi elle connaît bien le sujet. Elle note que les radicaux aussi bien musulmans que de gauche tentent par tous les moyens de rabaisser et de boycotter tout «hérétique». Craignant cette persécution, les gens sont prêts à être d’accord avec eux sur tout et à se repentir pour tout péché qui leur est attribué.
La guerre civile de 1861-1865 a emporté, selon différentes estimations, entre 600.000 et 700.000 vies — soit plus de 2% de la population américaine de l’époque. Si l’on projetait ces estimations sur l’Amérique d’aujourd’hui, cela signifierait qu’au moins 6 millions de citoyens des USA pourraient mourir lors d’une éventuelle seconde guerre civile.
Source: Sputnik